Alors que la pêche à la sardine a beaucoup décliné à Belle-Ile dans la première moitié du XIXe siècle, en faveur du cabotage, l’ouverture de lignes régulières de bateaux à vapeur vers Nantes vers 1845 offre aux pêches locales un nouveau débouché. La pêche des homards et langoustes prend une grande importance, et les premières “fritures” de sardine s’installent.
Pour s’adapter à cette situation nouvelle, il faut des bateaux plus maniables que les chaloupes sardinières anciennement utilisées. A Sauzon, vers 1860, on choisit de faire construire à Nantes ou à Bordeaux des canots de 19 pieds, très proches au départ des embarcations de navires, en les gréant en sloup pour faciliter les évolutions sur les bouées de casiers. Toutefois, ce gréement doit permettre de démâter pour pêcher le maquereau de drive et surtout la sardine de rogue, activité qui redevient fort lucrative du fait de la multiplication des conserveries.
Ainsi, le type du “sauzonnais” se développe-t-il peu à peu dans les nouveaux chantiers locaux : Loréal, puis les Enfants Conan, suivis de Guillaume et Quérel et -Conan-Gallo. Au début du siècle, les sloups sauzonnais, au nombre d’une cinquantaine, sont pontés jusqu’au mât, avec un tableau arrière en cœur et une étrave pratiquement verticale. Les bourrelets de protection posés à -mi-franc-bord sur l’avant y dessinent une “moustache” qui permet de les reconnaître à tous coups. La coque est peinte de couleurs pastel, alors que la voilure est tannée en rouge brique.
Le mât court, emplanté sur le grand bau à l’arrière du pontage, est tenu par deux haubans mobiles simplement ridés sur cosses par un amarrage facile à -larguer. Il n’existe ni étai, ni trinquette à l’avant ; le large foc s’amure au bout d’un long bout-dehors, le hale-dehors faisant sous-barbe. La grand voile est -dotée d’un long gui franc très ascendant et d’une corne courte, le plan de voilure étant très étalé longitudinalement. L’ensemble du gréement a la particularité d’être très mobile pour faciliter le démâtage et le passage à l’aviron. En pêche à la sardine, on borde deux grands avirons carrés de type karennou, et l’équipage s’agenouille pour dire une prière collective avant de mettre les filets dehors.