A partir des années 1850, la généralisation des conserveries sur la côte atlantique va permettre de développer considérablement la pêche à la sardine. Dès 1870, on compte 600 bateaux et 3 500 marins en Vendée, répartis sur cinq ports : l’Herbaudière, Port-Joinville et la Meule, l’essentiel de la flottille étant basé à Saint-Gilles-Croix-de-Vie et aux Sables-d’Olonne. Ce littoral ne compte pas d’autres abris, car au-delà des apparences estivales, il se révèle relativement inhospitalier avec des accès à la mer rendus difficiles par les nombreux hauts fonds et bancs de sable. Il arrive ainsi que les pêcheurs de Saint-Gilles soient obligés de se dérouter vers Port-Joinville quand l’entrée de leur havre est impossible.
Entre 1850 à 1900, les sardiniers vendéens sont des bateaux creux, appelés chaloupes à Saint-Gilles et canots aux Sables-d’Olonne, où ils sont un peu moins forts. Ces derniers, à cul rond ou à tableau, s’imposent peu à peu à cause de leur construction plus simple pour des charpentiers qui travaillent souvent seuls.
Leurs différences sont minimes, l’essentiel de la construction se faisant aux Sables-d’Olonne. En moyenne, ces embarcations mesurent 7 mètres de long pour 2,60 mètres au maître-bau avec un tirant d’eau voisin de 1,10 mètre. La région étant souvent sujette aux petites brises, et la pêche se pratiquant surtout à la belle saison, les bateaux, de construction légère, ne sont pas lestés pour être faciles à l’aviron et apparaissent très voilés par rapport à leurs homologues bretons. Avec de tels voiliers, portant foc, misaine, taillevent, et souvent un tapecul à livarde, plus un ou deux huniers surmontant les voiles au tiers majeures – le tout tanné de toutes les couleurs pastel disponibles –, les chavirages ne sont pas rares, mais ils restent sans danger, car les pêcheurs travaillent souvent en flottille. Enfin, le faible tirant d’eau et les formes pleines de ces embarcations se montrent parfaitement adaptés aux barres qui entravent parfois l’accès aux ports.
A la fin du XIXe siècle, la crise sardinière va obliger les marins à pêcher plus au large. Délaissant canots et chaloupes, devenus dès lors trop petits (ces bateaux seront en partie récupérés par les Noirmoutrins qui voient les zones de pêche se rapprocher de leur île), les vendéens construisent des bateaux plus forts pour traquer la sardine au loin : les gazelles. Mais à Saint-Gilles et aux Sables, on continue toujours à armer de petites embarcations, cette fois d’un nouveau type : les “quimperlets”.
Moins forts que les canots et chaloupes, les plus grands mesurant environ 6 mètres, ces quimperlets ont l’avantage d’être peu coûteux et se construiront par centaines entre 1900 et 1914. Ils sont principalement destinés aux retraités et aux paysans. Gréés avec une misaine et un hunier, munis ou non d’un tapecul et d’un foc, ils doivent leur surnom à leur forme, et notamment leur tableau incliné, qui les fait ressembler aux canots à misaine du Finistère sud dont ils s’inspirent au début. Les hommes embarquent en règle générale à trois, la pêche de la sardine se pratiquant bateau démâté, avec deux hommes aux avirons pour maintenir « la ret » dans l’axe du bateau, le troisième s’occupant d’appâter.