©Mélanie Joubert

Quatre ans après l’épidémie du Covid-19 qui a signé l’arrêt des événements et des rassemblements publics, les fêtes du patrimoine maritime semblent retrouver en 2024 leur rythme de croisière. Ce retour n’avait rien d’évident après une période difficile qui a souvent remis en question l’équilibre des manifestations, les menaçant parfois même sérieusement. Sans présager du succès populaire ou économique des événements à venir, quelques indicateurs comme l’inscription des marins et des bateaux, les dynamiques associatives et bénévoles, le soutien renouvelé d’un certain nombre de partenaires publics et privés ou l’intérêt médiatique, montrent que les fêtes patrimoniales restent des rendez-vous importants en France. À ce titre et en lien étroit avec les nombreuses associations patrimoniales, les fêtes contribuent depuis plus de quarante ans à la défense et à la valorisation des patrimoines et des cultures maritimes.
Et pourtant, leur légitimité et leur raison d’être semblent toujours questionnées : ces fêtes devraient se renouveler, justifier de leur utilité sociale, mieux coller à l’air du temps, savoir concilier « tradition et modernité », comme si la modernité pouvait à elle seule légitimer la valeur des arts et traditions populaires. Car, finalement, à bien y regarder, cette injonction au renouvellement ne se pose presque jamais à propos des cultures dites « légitimes », pourtant bien plus anciennes. Au-delà de discussions d’esthètes, de connaisseurs et de passionnés (dans lesquelles nous nous retrouvons aussi certainement), il est heureux que personne ou presque ne remette en question, par exemple, la valeur sociale et culturelle des opéras de Mozart, des symphonies de Beethoven, des tableaux de Monet, etc.
Pour les arts et traditions populaires, cette immunité ne semble jamais acquise. Il en est ainsi des fêtes maritimes qui pourtant ont beaucoup plus évolué qu’on ne le pense au cours de leur jeune histoire. Il en est ainsi des pratiques maritimes traditionnelles presque totalement redécouvertes (au prix d’un intense effort militant, tant individuel que collectif) et des équipements culturels de qualité, portés à bout de bras par des associations ou des collectivités bien souvent esseulées. Alors, bien sûr, il ne s’agit pas de figer les cultures populaires dans une approche folkloriste, mais on aurait tout de même intérêt à prendre collectivement la mesure exacte de la valeur et de la qualité intrinsèque des patrimoines maritimes, sans avoir à justifier systématiquement leur utilité par une fonction économique ou touristique.
Il me paraît donc important de continuer à soutenir les fêtes, de Fécamp à Sète en passant par Douarnenez, Brest, le golfe du Morbihan, Paimpol, Cancale, et partout ailleurs, sans autres conditions que leur propre raison d’être : sociale, culturelle et festive ! Camille Gontier, président des fêtes maritimes de Douarnenez (29)