Marie-Fernand, pilote du Havre de 1894
Gréement de cotre
Longueur coque :15,90 m
Longueur hors tout : 24 m
Largeur : 4,25 m
Tirant d’eau : 2,5 m
Tirant d’air : 21 m
Quand Marie-Fernand est construit en 1894 au chantier Abel Lemarchand du Havre, c’est pour répondre à une commande d’Eugène Prentout qui se lance dans la carrière de pilote.
À l’époque de la voile
Au temps de la voile, tous les bateaux-pilotes se livrent une concurrence acharnée. Ils doivent calculer le jour probable d’arrivée des navires faisant route vers Le Havre, dont la date de départ est publiée chaque semaine dans la revue maritime Le Havre. Le prix du service étant fonction du tonnage des navires, les pilotes convoitent les plus grands navires et il faut donc arriver le premier sur la zone d’atterrage (CM 81).
C’est pour répondre à cette mission, qui exige rapidité et manœuvrabilité, que le cotre Marie-Fernand est construit. Le bateau s’avère de très bonne qualité et va assumer sa fonction jusqu’en 1915, époque où la voile cède le pas à la vapeur. Armé à la pêche en 1917, il est racheté en 1922 par un yachtsman britannique, qui lui fait traverser la Manche et le débaptise. Il sera oublié jusque dans les années 1980.
Le dernier pilote du Havre
À cette époque, en France, l’association les Hirondelles de la Manche recherche activement les survivants des cotres-pilotes. Elle pense d’abord que Jolie-Brise est le dernier pilote du Havre, avant de retrouver Marie-Fernand à Kingsbridge. Malgré son âge, le bateau est en bon état. Après avoir trouvé les financements nécessaires auprès de pilotes du Havres et des collectivités territoriales, il est ramené à bon port début 1985. Les chantiers maritimes de Honfleur se chargent de sa restauration et il sera classé monument historique en 1986.
Treize membrures en chêne et 170 mètres de bordés en pitchpin sont remplacés. La quille est renforcée à l’avant et à l’arrière, de même que l’étambot. Le pont, refait en Angleterre, est en bon état, mais les superstructures qui ne sont pas d’origine doivent être remplacées. Deux mille heures de travail sont nécessaires pour mener à bien cette première tranche de travaux.
En 1985, Marie-Fernand retrouve Le Havre, mais, faute de financement, la restauration est abandonnée. Il faudra attendre 1989 pour qu’elle reprenne grâce à des subventions de la direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) et à un partenariat avec le lycée professionnel de l’automobile (chargé de la motorisation, devenue obligatoire entre-temps).
Après la remise en état du gréement, le bateau est remis à l’eau et peut à nouveau naviguer. Petit à petit, au fil des week-ends et au gré des subsides, le cotre se métamorphose : un ratelier est installé en pied du mât, le gréement dormant est achevé, un écubier et des poulies sont façonnés et les emménagements sont réalisés.
Le 6 juillet 1991, l’équipage navigue sous voiles pour la première fois et Marie-Fernand s’avère être un excellent marcheur. Armé par un skipper, un second et un bosco, le cotre peut embarquer sept personnes pour des croisières.
Marie-Fernand aujourd’hui
En 2006/2008, le bateau fait l’objet d’une lourde restauration au chantier du Guip à Brest subventionnée par le Fond du Patrimoine. Il est remis à l’eau pendant les fêtes du Tonnerre de Brest en juillet 2008, puis rejoint Le Havre pour la rénovation intérieure. Depuis Marie-Fernand participe aux fêtes locales, navigue chaque saison vers les côtes bretonnes et traverse parfois la Manche pour participer à des rassemblements de Old Gaffers.
En Août 2017, avec un gréement refait à neuf, Marie-Fernand largue les amarres du port du Havre pour « se présenter » au Festival des Chants Marins de Paimpol 2017, puis continue sa navigation en participant aux Branlebas de Régates en face de Saint-Malo / Cancale et Grandville. Il rentrera au Havre pour accueillir fin août les voiliers de la Tall Ships Regatta et participer aux Grandes Voiles du Havre, dans le cadre des fêtes du 500e anniversaire du Havre.
Depuis 1983 et jusqu’à aujourd’hui, les membres de l’association des Hirondelles de la Manche n’ont jamais baissé les bras pour faire revivre ce magnifique cotre-pilote.
Association des Hirondelles de la Manche
Extrait du Chasse-Marée n° 81, « Les cent ans de Marie-Fernand »
Nos remerciements à l’association pour leur complément d’informations.