La voile carré est à la fois la voile la plus ancienne et la plus simple, du moins dans sa forme originelle. C’est aussi celle qui, jusqu’à notre siècle, a composé l’essentiel de la garde-robe des grands voiliers à trois ou quatre mâts.
Dans l’antiquité, les Egyptiens, les Grecs, les Romains l’utilisaient. Plus tard, les Vikings en équiperont leurs bateaux à clins. Les nefs du Moyen Age, puis les caravelles de Christophe Colomb gréeront également ce type de voile. La technologie de la voile carrée ancienne est on ne peut plus simple. De forme carrée ou rectangulaire, elle est suspendue à une vergue horizontale, elle-même hissée au mât par son milieu. La voile est symétrique et ses deux angles inférieurs peuvent indifféremment être amurés sur l’avant. Ainsi déployée, elle capte le vent et propulse le bateau. C’est une voile remarquablement efficace tant que l’on souhaite aller dans la direction où le vent souffle. Mais tel n’est pas toujours le cas. Un bateau doit aussi pouvoir remonter contre le vent, non pas juste face à lui – ce qu’aucun voilier ne peut espérer faire -, mais en le prenant légèrement de biais et en progressant en zigzag. C’est ce qui s’appelle « tirer des bords », ou « louvoyer », pour remonter « au plus près » du vent. Et force est de constater qu’à cette allure, la voile carrée n’est ni la plus facile à manœuvrer, ni la plus performante, du moins sur les unités de taille petite et moyenne. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle d’autres types de voiles feront leur apparitions, qui permettront de mieux remonter contre le vent en utilisant pourtant cette seule force éolienne.