La filadière est l’embarcation traditionnelle de all « Rivière de Gironde ». Non pontée, dotée d’un arrière pointu, son faible tirant d’eau et son peu de quête contrastent avec une étrave élancée et profonde. Sa « pince » et son brion prononcés font plan de dérive, caractère essentiel pour les pêches aux filets dérivants (esturgeons essentiellement). Le bateau est gréé d’une voile au tiers sur un mât placé très à l’avant et peut, à l’occasion, porter un foc sur bout-dehors.
Les plus petites filadières d’environ 6 mètres de long pour un maître-bau de 2 mètres, comportent une teugue fermée à l’avant et, un peu en arrière du maîtrebau, une boudaine avec accès par un capot.
Sur le bas-estuaire, jusque vers 1930, les grandes filadières sont des embarcations solidement charpentées, longues de 7 mètres ou plus, larges d’un peu plus de 2 mètres, avec un creux sur quille d’1 mètre à l’arrière et 1,80 mètre à l’avant. Elles comportent trois espaces clos : une teugue fermée à l’avant où garder équipements et outils, dont « l’horloge du bord » ; un esquipot avec capot au tiers avant, où ranger provisions, vaisselle sommaire, vêtements ; une vaste boudaine au tiers arrière, avec capot, pour y serrer matériel de pêche et filet.
La partie postérieure du toit de la boudaine se raccorde à la lisse bâbord par un arrondi en quart de cercle ; le pêcheur y cale son genou droit pour relever le filet qu’il amasse au fur et à mesure à bâbord sur la boudaine, l’eau s’écoulant par des jets d’eau, l' »égout du filet ».
Enfin, entre la teugue et l’esquipot, une forte planche, fixée à bâbord, sert de couchette ou d’abri sommaire. Le mât, haut d’environ 6 mètres, porte une voile au tiers amurée sur un croc. Il peut être abattu à deux hommes et, soutenu par une entretoise, être installé dans l’axe de la filadière pour constituer avec la voile un taud sommaire, abri de l’équipage aux escales. Deux avirons, long de près de 5 mètres, complètent l’armement. L’équipage est normalement composé du patron, d’un matelot et du mousse.