Par Daniel Guimond - Portivy, sur la côte sauvage de la presqu'île de Quiberon, est un abri précaire plus qu'un véritable port. Le ressac y est très fort; la grande houle d'Ouest passe par-dessus le quai les jours de mauvais temps, et les coups de Noroît transforment ce havre en un véritable chaudron. Les bateaux y souffrent beaucoup à l'échouage, surtout quand ils sont vieux. Pendant quelques années, un petit canot à clins y a trouvé refuge. Sa peinture rouge, verte et blanche lui donnait des airs de perroquet, mais laissait pourtant deviner les formes anciennes, les bancs en caillebotis et l'accastillage en bronze d'une embarcation peu ordinaire. Malmené par la mer, souvent plein d'eau, il était utilisé en pêche-plaisance ou comme annexe. En février 1996, après qu'il eut passé plusieurs années au sec, plus ou moins abrité du soleil, j'ai acquis ce canot pour une somme modique. Il est vrai qu'il était alors à l'état d'épave et aurait été bien incapable de flotter. Questionné sur son origine, son ancien propriétaire m'a seulement indiqué, sans autre précision, qu'il aurait longtemps séjourné dans un château avant de finir à Portivy.