Par Pierre Tanguy - Quatre familles ont construit ensemble un canot, la Fée des Huët, pour se lancer dans des randonnées et voyages à la godille. Un projet collectif qui leur a fait découvrir une nouvelle manière de naviguer et de partager ce qu’ils appellent des croisières ultra-côtières.
Lysa Le Rest et Margot Jung-Guérin s’arc-boutent sur leur aviron en chantant. Les deux ados godillent en tandem. Elles font des huit et la Fée des Huët file droit sur les vasières tout juste couvertes de l’anse de Milin an Aod, à Lampaul-Plouarzel (Finistère). Leur canot glisse doucement et distance les deux autres embarcations de leur bande de copains godilleurs. Ils frôlent les cailloux et rasent les berges, « à la frontière du monde des marins et des terriens », souligne Sylvain Guérin, le père de Margot. Pas un bruit, si ce n’est celui des oiseaux de la grève, accompagné par le clapotis de l’eau.
Pour cette première sortie de l’année, plutôt ventée, les nuages filent au-dessus de l’Aber Ildut. Les élégants avirons en bois vernis une fois dessanglés des toits des voitures, les godilleurs n’ont eu qu’à embarquer et larguer les amarres. Pas de voiles, pas de bouts, pas d’espars à trimbaler. Rien à gréer. Les trois canots au ponton, la Fée des Huët, Yuloh et Sterenn Eizh (« Étoile des huit »), sont partis en balade en un instant depuis le ponton de Porscave.
Lysa et Margot godillent sans efforts apparents. À les regarder, on imagine qu’elles pourraient tenir des heures. C’est tout le projet de la Fée des Huët : godiller sur plusieurs jours en itinérance, ici, mais aussi beaucoup plus loin. Pour partir avec une remorque à l’étranger, par exemple, afin d’explorer canaux, lacs et autres fjords…
Quatre familles se partagent ce joli canot, qui doit son nom à une blague sur le mouvement caractéristique de la godille, prononcée avec l’accent léonard : « Fais des huit ». Les Roudaut-Pitel, Guérin, Le Rest et Landrieau-Guillerm habitent les abords de l’Aber Ildut, un bras de mer abrité, très propice à la godille. Ces amis, qui ont des enfants adolescents, sont chercheurs, profs de technologie ou d’eps, ingénieurs, cartographes… Férus de godille, mais aussi de grimpe, ils se rassemblent autour de Tud Yaouank Ar Mor, une association basée à Lampaul-Plouarzel, présidée par Gildas Roudaut. Depuis 2016, elle organise notamment l’Université de la godille : une rencontre nautique avec courses, initiations, démonstrations, jeux, animations… Passionné par cette pratique, Gildas y a même consacré un ouvrage de référence, L’Art de la godille.
Un projet pour naviguer en famille et à la godille
Avant la Fée des Huët, ils ont conçu et fabriqué des dizaines d’avirons. Pendant le confinement, Gildas a même bricolé une « broudille », contraction de brouette et godille, en associant une brouette, un aviron et une roulette. « Avec ce jeu éphémère, j’ai pu continuer à godiller, même à terre pendant la pandémie », rigole-t-il. Mais avant cela, il avait lancé avec d’autres godilleurs motivés la construction de Fine, un canot de course à la godille, capable d’atteindre 5 nœuds avec un godilleur à bord (cm 288). Sa coque mesure 4,75 mètres de long pour 1,60 mètre de large et 90 kilos de déplacement, avec une étrave bifide pour limiter le tangage, une muraille verticale et un fond plat avec une sorte de quille en V pour la vitesse. « On s’est dit que la forme idéale pour aller vite était celle d’un kayak, quelque chose de fin et long. On l’a donc conçu, comme s’il y avait un kayak au milieu, dont le volume peut porter le bateau et une personne. Le reste, avec le bordé horizontal, permet de le stabiliser pour qu’il ne roule pas. »
« Dans mon souvenir, l’idée de la Fée des Huët est née de discussions hivernales et collectives, notamment avec Mathilde et Sylvain, se souvient Gildas. Nous étions tentés par un projet qui nous permettrait de naviguer à la godille en famille et d’élaborer des navigations sur plusieurs jours à deux. » Il fallait trouver un moyen de se déplacer sur de longues distances, à 3 nœuds environ, avec du matériel, soit une charge de 300 à 350 kilos pour trois à quatre personnes en balade à la journée ou deux personnes avec leur matériel de croisière. Le tout sans trop augmenter la surface mouillée entre la configuration lège et en charge. L’échouage devait être facile et l’habitabilité suffisante pour dormir à deux. Disposer de coffres secs et humides, d’un cockpit autovideur pour le mouillage et de la possibilité de couvrir entièrement le bateau avec une tente pour cabaner, complétait le cahier des charges. À l’arrière, le tableau serait prolongé par une jupe pour que les deux godilleurs soient bien centrés, la dame de nage assez avancée évitant de générer du lacet. Enfin, le bateau ne devait pas coûter plus de 2 500 euros. « Et il devait être beau », ajoute Sylvain. Cela compte aussi.
Gildas et Sylvain, rejoints dans l’aventure par Olivier Le Rest et Olivier Guillerm, l’ont dessiné à l’aide du logiciel Freeship. « On est parti du plan de Fine en imaginant un bateau qui pouvait recevoir beaucoup plus de poids », explique Sylvain. « Avec le logiciel, on pouvait voir la résistance à l’avancement pour différents plans », abonde Gildas. « Nous souhaitions une certaine largeur pour que le bateau ne roule pas et qu’il y ait du volume, mais aussi qu’il passe dans le clapot avec une étrave pincée. On a donc dessiné un bateau très fin devant, assez large au maître-bau, avec des volumes importants dans les œuvres mortes. » La coque mesure 5 mètres de long, avec un maître-bau d’1,60 mètre, calqué sur celui de Fine, « dont on sait qu’il est suffisant pour limiter le roulis. Et on n’avait pas besoin de plus large pour l’habitabilité. »
La coque est à bouchains vifs avec trois virures, surtout pour la simplicité de construction, tout en essayant de s’approcher d’une courbe, garante d’une plus faible surface mouillée. Les deux demi-soles à l’arrière se pincent vers l’avant pour rejoindre l’étrave, façonnée dans un pain de mousse, puis stratifiée. L’étrave est droite, fine en bas pour favoriser les entrées d’eau et éviter le tangage dans le clapot, et large en haut pour maximiser les emménagements. « Si les conditions ne sont vraiment pas bonnes, explique Gildas, sa configuration aide aussi à sortir de la vague, mais ce n’était pas l’idée de départ, car il n’a pas été prévu pour naviguer par mer agitée, mais pour bien supporter le clapot. »
Après deux mois de conception, les quatre hommes se sont retrouvés à l’hiver et au printemps 2019 dans l’atelier au fond du jardin des Roudaut-Pitel, au Rohennic, non loin de l’embouchure de l’aber, pour construire le canot, en contreplaqué extérieur de 5 millimètres cousu-collé. Une quille centrale en sipo est greffée sur la moitié arrière de la carène pour limiter la dérive et stabiliser la route. Un peu petite, elle sera complétée plus tard par deux ailerons ajoutés au maître-bau, qui protègent aussi les bordés lors de l’échouage. Le fond de cockpit, autovideur, est positionné 3 centimètres au-dessus de la flottaison lège, ménageant une double coque, potentiellement utile en cas de voie d’eau. « Le bordé a été assemblé sur couples à l’envers, puis la coque a été retournée pour la pose des renforts, cloisons, plancher, banc, lisse, etc. Les œuvres vives sont recouvertes de deux tissus de verre sergés de 80 grammes par mètre carré, et les œuvres mortes d’un seul », poursuit Gildas. Le bateau pèse 120 kilos lège et cale 12 centimètres.
Tout bateau est affaire de compromis
Il a été mis à l’eau au printemps 2019. Après un premier essai rapide dans l’anse de Milin an Aod, Mathilde et Gildas sont partis pour une randonnée en rade de Brest. Le bateau était encore « dans son jus », se souvient Gildas : la peinture n’était pas finie et les dames de nage tenaient avec des serre-joints « car on ne savait pas où les positionner exactement ». « La première fois qu’on a chargé le bateau à l’Auberlac’h et qu’on a traversé le port pour aller dormir dans l’anse Saint-Guénolé, le bateau nous a paru très lourd ! raconte Mathilde. On était étonné et on se disait que l’aviron, tout souple, allait casser. Mais non. On est partis huit jours et c’était très bien. » Une halte à Pors Beac’h a permis aux copropriétaires de découvrir le bateau le temps d’un pique-nique. « C’était chouette qu’ils soient tous là, car ce n’est pas évident de trouver un créneau pour se retrouver ensemble ».
Tout bateau est affaire de compromis. La Fée, comme ils l’appellent affectueusement, passe bien dans le clapot, mais son assiette s’avère très sensible à la répartition longitudinale des poids, en raison de son étrave pincée. Si le bateau n’est pas chargé, avec une seule personne à bord, il manque de plan anti-dérive. En revanche, son faible tirant d’eau permet de se glisser partout et de débarquer facilement. « C’est lié au paradoxe de faire un bateau léger avec une capacité de charge de trois fois son poids », selon Gildas. Le vent reste, toujours, la grande difficulté de la godille. « Au-delà de 20 nœuds, c’est trop difficile. Le rapport force à déployer contre déplacement n’est pas tenable longtemps », constate Mathilde. « La Fée est un bateau léger avec une prise au vent non négligeable. »
À bord, c’est plutôt confort pour un bateau ouvert de cette taille. Le cockpit de 2,50 mètres de long sans aucun accastillage ou puits de dérive offre de la place pour les godilleurs en voyage. Il est assez large pour y loger deux matelas gonflables, repliés chaque matin et rangés dans un sac plastique dans le coffre avant. Le fond a été pensé pour pouvoir dormir à plat, avec une très légère pente toutefois, pour que l’eau de pluie s’écoule vers le nable central quand le bateau est lège au corps mort. Quant à la tente, elle « se monte en 10 minutes », précise Mathilde. Une première toile a été ajustée au canot à partir d’un modèle vendu dans le commerce. « Ce n’était pas mal, mais pas très étanche. Une fois, il s’est mis à pleuvoir et, très vite, il pleuvait aussi dessous. » Gildas a donc rouvert son logiciel Freeship pour dessiner une tente sur mesure. Il a acheté un tissu plus fort et respirant, de type Cordura, ainsi que des arceaux en fibre de verre de plus grosse section, et, avec l’aide de Cécile, il a assemblé les laizes grâce à sa Singer des années 1960. Résultat : une nouvelle tente avec des fenêtres et une ouverture à l’arrière, histoire de pouvoir donner un coup de godille sans avoir à tout démonter. Deux petits blocs en mousse cousus permettent de s’asseoir pour le repas ou un temps de lecture.
Pour les rangements, le bateau, très épuré, dispose d’espaces secs et mouillés. Des coffres et des sacoches de vélo offrent une grande capacité de rangement pour les vêtements et la nourriture. Les sacoches sont fixées sur chaque bord, le long d’une « ligne de vie » sous la lisse. Elles contiennent les affaires pour la journée. À l’avant, un grand coffre peut être fermé s’il fait mauvais. Il abrite les affaires personnelles du soir dans un sac étanche, ainsi que les matelas dans leur sac plastique, la tente et les chaussures. Un grand coffre arrière fait office de cambuse. On y trouve le réchaud à un seul feu, de faible hauteur, pour la stabilité des casseroles, des ustensiles de cuisine, la glacière, la nourriture dans des caisses.
Les duvets et les oreillers sont protégés dans un grand sac étanche recouvert d’un sursac à dos, posé entre le banc et le coffre avant, sur lequel une personne s’assoit confortablement. Tout ce matériel est complété par un kit de sécurité (feux, gilets, VHF…) dans un sac étanche posé sur le pont et une boîte en plastique contenant l’électronique (téléphone, chargeur, panneau solaire). En croisière, les godilleurs montent par la jupe où ils abandonnent les bottes, à côté du jerricane d’eau douce de 8 litres, du grappin, des bouts, des défenses et autres maillots de bain en train de sécher, pour passer dans le « bateau sec ». Le mouillage, avec ses 50 mètres de câblot, est stocké dans la baille avant.
"À chaque fois qu'on navigue, il nous faut un plan B"
Les équipements de sécurité ont été surdimensionnés. En plus du petit mouillage arrière supplémentaire, une ancre flottante destinée à un bateau de 10 mètres est embarquée. Plus étonnant encore, « on a un cerf-volant monofil », explique Mathilde. Rangé dans le grand coffre avant, il se déploie rapidement pour se mettre en fuite dans l’axe du vent et jusqu’au trois quarts arrière pour rejoindre un abri si besoin. « On le lance et une fois qu’il a pris assez de distance, il suffit de le tenir à l’avant. À l’arrière, c’est le bonheur, car il n’y a plus qu’à gouverner. À ce moment-là, on se dit que c’est bien la voile ! »
« L’enjeu, c’est qu’à chaque fois qu’on navigue, il nous faut un plan B pour s’échapper, se mettre à l’abri, s’échouer », explique Gildas. « Contre le vent, contre le courant, tout devient vite compliqué s’il n’y a pas les bonnes conditions », précise Sylvain. « D’où l’idée de bien prévoir son plan de navigation avant, d’être très évolutif », ajoute Gildas. Sylvain sourit : « La poussée de l’aviron n’étant que de quelques kilos, on fait avec très peu et cela oblige à réfléchir, à trouver des stratégies et, finalement, c’est ça qui est amusant. » Les godilleurs doivent faire appel à un certain sens marin. Ils ont fait de la voile, mais la godille, c’est « le plaisir du dénuement », dit Sylvain.
Le voyage à la godille, rebaptisé « croisière ultra-côtière », pourrait s’apparenter à du voile-aviron ou du kayak, mais sans s’embarrasser d’un gréement et avec la possibilité de dormir à bord. Les navigations itinérantes exigent une préparation minutieuse, d’autant que l’équipage n’a pas de batterie et n’embarque pas d’électronique, si ce n’est le téléphone connecté au panneau solaire pour se géolocaliser. Avant la croisière, il faut se laisser aller à rêver du plan d’eau idéal. Comme les cartes marines ne sont pas assez précises, elles sont complétées par des cartes de randonnée, du temps passé sur Google Earth ou sur des sites de pêche à la ligne. Ensuite, il faut s’adapter sur place, en fonction des lieux et de la météo.
Gildas et Mathilde poussent la Fée jusqu'en Suède
Les nouveaux adeptes de cette manière de naviguer y sont allés progressivement. La rade de Brest, d’abord. Un beau plan d’eau avec plein d’abris et sans trop de courant, qu’ils connaissaient bien. Puis, le golfe du Morbihan, où ils ont pu jouer avec les contre-courants. La godille y prend tout son sens, la Fée se glissant là où personne ne peut aller. Malgré le nombre élevé de bateaux sur l’eau, « on se retrouvait dans des endroits où il n’y avait personne, car on acceptait de s’échouer sur la vase autour d’îles peu fréquentées par les visiteurs », explique Mathilde. Dans ce cas, il faut prévoir un bon livre pour attendre le flot…
En 2022, Gildas et Mathilde, enhardis par leurs premiers bords, ont poussé la Fée des Huët jusqu’en Suède. « La météo clémente nous a permis de vadrouiller pendant neuf jours en itinérance dans l’archipel de Bohuslän, avec des ravitaillements en nourriture et en eau dans quelques ports », raconte Mathilde. La Fée se faufile entre les îles peu boisées aux maisons rouges, avant de naviguer six jours sur le lac Stora Lee, bordé de forêts. « Un rêve réalisé. »
Le couple s’aventure l’année suivante en Irlande, à travers la myriade d’îles de Clew Bay et sur le lac Corrib. Mais, cette fois, la météo n’est pas de la partie. Heureusement, un point de chute permet de se mettre à l’abri chez des amis entre les coups de vent. Car, finalement, ce n’est pas tant la godille qui use les voyageurs : « C’est le côté camping à bord. En Irlande, il faisait vraiment froid et humide. On nous dit souvent que l’aviron doit nous fatiguer après plusieurs jours, mais, en rando, les équipiers peuvent se relayer toutes les demi-heures et s’affaler au fond du cockpit pour bouquiner ou juste admirer le paysage. »
La Fée permet toutefois de s’arrêter rapidement. Il n’y a qu’à poser l’aviron pour prendre un café, jeter le grappin pour s’arrêter, se poser sur le sable pour se dégourdir les jambes. La nuit, il est possible de mouiller ou de s’échouer, à condition d’avoir soigneusement visé pour éviter qu’un caillou ne poinçonne la coque.
Retour dans l’anse de Milin an Aod sur la Fée. À mieux y regarder, tout en godillant en rythme, Lysa et Margot n’exécutent pas exactement le même geste. À la godille, chacun possède son style. « Ça dépend vraiment des gens. Alexia ne travaille qu’avec les épaules et nous plutôt avec les cuisses », précise Olivier Le Rest, pendant que les jeunes filles remontent au vent. « De loin, on se reconnaît au style. Gildas, on n’a pas l’impression qu’il force. Il a optimisé le geste. »
À chacun sa sensibilité et son regard
De même, chacun a son aviron. Rigidité, longueur, forme de la pelle… ils sont le fruit de multiples évolutions. « L’idée, c’est de prendre un aviron, de changer un paramètre pour voir ce que ça donne », explique Sylvain. Mais l’ingénieur reconnaît que cela ne marche pas toujours. « Comme on a envie d’accélérer le processus, on change cinq paramètres et quand ça ne marche pas on abandonne tout parce qu’on est alors incapable de savoir ce qui coince. » Dernière marotte de Gildas : placer des capteurs sur son aviron et la dame de nage, avec les conseils de spécialistes en hydrodynamique, pour mieux comprendre les efforts en jeu, améliorer encore le mouvement, trouver le rendement idéal.
À chacun son approche, sa sensibilité et son regard. Olivier parle des balades à plusieurs, quand les bateaux et les paddles se mêlent aux canots. Il apprécie de partir en famille, caler des gilets de sauvetage au fond du bateau pour s’asseoir et profiter du moment. Louise Guérin parle de « poésie » et d’une « esthétique super sympathique ». Mathilde voit dans la godille un « yoga de la mer ». Olivier Guillerm aime crocher dedans quand le vent forci et qu’il faut se donner physiquement ou, au contraire, prendre l’apéro face au continent, « ancré sur une tête de roche ». Cécile parle de « moments suspendus… quand le temps s’arrête de jour comme de nuit et que la magie de la Fée agit ». Lysa aime voir les vieux marins « fiers de voir des jeunes » dans les fêtes maritimes. « On traverse les pontons, pieds nus, un aviron sur l’épaule et… “laissez passer les godilleuses !” » ◼