Après une première expérience de restauration sur l'île de Ré, celle du Cap, un petit corolleur mixte de 8 m construit en 1936 à Marennes, que j'avais transformé en voilier aurique, je n'étais pas spécialement à la recherche d'un bateau classique. J'entendis parler d'une petite « barque » magnifique, du côté d'Ars-en-Ré, dans une maison abandonnée ; le coup de foudre ! Trois jours de recherches pour retrouver la filière du propriétaire et celui-ci, M. Dethan, me donnait le bateau. Nous l'avons sorti de la maison où il était à l'abri (non sans mal car le portail d'entrée ne laissait pas passer le bateau droit et il a fallu le sortir en biais) — c'est peut-être ce qui a contribué à la conservation exceptionnelle de ce bateau. Une nuit sur le port d'Ars, et j'ai pu entendre bien des commentaires : ce bateau était connu des gens du bourg, particulièrement de M. Cazavan qui se souvient de l'avoir vu naviguer dans les années 1930 ; « un sacré bon bateau, armé un moment à l'aviron pour aller faire la sécurité dans le Fier », une yole à misaine comme il en avait beaucoup à son installation sur la cale d'Ars. Elles servaient à tout faire : le sel, le sable, le gravier, la senne, les casiers, le maquereau, la navette ou l'annexe entre les borneurs et la côte. Comme le montrent les photos, cette yole est un bateau très plat, à dérive du type quart de fromage ; elle est gréée d'une voile au tiers — la misaine —. C'est, par excellence, le bateau adapté aux Pertuis : très plat pour se faufiler partout dans les fonds vaseux, large et bas car la mer qui lève peu est rarement dangereuse. Il est doté d'un gréement d'une simplicité enfantine dans ces petites dimensions. Les gens de Rivedoux gréaient peu et se servaient essentiellement de leurs yoles à l'aviron. La Flotte, Saint-Martin, Loix, Ars utilisaient voiles et avirons. Ce bateau, Marie-Thérèse, LRR 543, appartenait à un M. Roullet dont on retrouve la trace dans le cahier de comptes de MM. Ramigeard-Benoni, consructeurs et armateurs à Ars au début du siècle. Il est fait mention de travaux effectués sur le bateau en 1913: brûlage de la coque et mise en place d'une fausse membrure à l'avant. Je travaille actuellement avec Bernard Moreau à la réfection de la coque : changer une partie de la pièce de quille et la « fosse » de dérive, remplacer un certain nombre de bordés dont les deux galbords, retailler la voilure après les calculs indispensables. J'espère donc en avoir fini pour les régates d'août 1982 qui auront lieu à la Flotte-en-Ré avec de nombreux vieux gréements de tous les horizons. Jean-Marie Chauvet d'Arcizas
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Marie-Thérèse, yole du Fier d’Ars
Publié le 29 septembre 1981
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