Par Bernard Cadoret et Gilles Millot - Jusqu'aux années cinquante, en Bretagne Nord, le métier de charpentier de grève représente une survivance d'un lointain passé. Il est pratiqué par des artisans du cru, souvent autodidactes et vivant de réparations et d'entretien, là où existe une flottille active, mais où aucun chantier naval n'est implanté. Parfois, il s'agit au contraire de compagnons itinérants qui se déplacent, caisse à outils sur l'épaule, le long de la côte, calfatant là un caboteur, construisant ailleurs un bateau avec l'aide d'un patron pêcheur qui les héberge pour la durée de l'opération. Jean Kerleau est l'un des derniers hommes de l'art à avoir exercé ce métier, essentiellement sur les grèves de L'Armor-Pleubian, dans le Trégor. Sa carrière est aussi le reflet d'un pan de l'histoire maritime de cette singulière presqu'île, où vie rurale, coupe du goémon, bornage et cabotage sont intimement mêlés, tissant tout un réseau d'usages et d'entraides qui en faisait naguère une communauté littorale très originale. Il a bien voulu nous confier ses souvenirs au cours de longues conversations devant ses vieux outils et ses chères maquettes.
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Jean Kerleau, charpentier de grève
Publié le 02 novembre 2000
N° 138
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