Par Michaël Dziubinski - La valeur sentimentale des meubles anciens défie toutes les lois de la logique cartésienne : c'est par leurs défauts qu'ils nous attendrissent. Rien ne nous émeut tant que le pied vermoulu, la corniche ébréchée, la serrure rétive ou le parfum de naphtaline. Les bateaux anciens procèdent du même sortilège... à ceci près que leurs blessures doivent impérativement être pansées. Tout l'art de la restauration consistera donc à effacer les faiblesses de l'âge sans porter atteinte à ses charmes. Un dilemme d'autant plus douloureux que le ravalement commence toujours par une destruction, et que les matériaux adéquats sont encore difficiles à trouver en France. Pour évoquer cette délicate entreprise, Le Chasse-Marée a confié un Super-Cormoran très abîmé à deux jeunes charpentiers formés à l'Apprenticeshop de Rockport. Gerd Lôhmann et Mike Dziubinski nous donnent là une belle leçon de savoir-faire qui montre bien que la restauration est parfois plus compliquée que la construction. C'est ici l'aspect ingrat, peu spectaculaire, mais fondamental de cette tâche qui est décrite. Les travaux plus flatteurs de la finition feront l'objet d'un autre article.
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Grandeur et servitude de la restauration
Publié le 02 juin 1990
N° 49
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