À quatre-vingt-un ans, l’architecte polonais Zygmunt Choren (CM285, trois-mâts Dar Młodziezy, Khersones, cinq-mâts barque Golden Horizon et quelques autres) reste fidèle à la devise latine de son bureau d’études, Navigare necesse est, autrement dit « Il faut naviguer », et aux besoins de son pays en formations maritimes. Il prévoit la construction en vingt mois, dès la fin de l’année, d’un brick destiné à l’école de voile de Rewa, sur le golfe de Gdansk. Version réduite, avec 303 mètres carrés de voiles, de ses grands navires hauturiers du passé, il gréera six voiles carrées qui donneront un côté majestueux et surprenant à un bateau jaugeant modestement 60 tonnes pour 26 mètres hors tout et 1,70 mètre de tirant d’eau.
Il y a, dit-il toujours, un intérêt pédagogique à ce type de gréement : « Ce qui attire la jeunesse [c’est de] grimper dans les enfléchures. » Aux phares carrés s’ajoutent trois focs de 8, 21 et 59 mètres carrés. Autre caractéristique de la manière Choren, une timonerie placée très en avant du navire, conçue pour l’apprentissage à la navigation de seize stagiaires de douze à vingt ans. Le club de voile privilégiera l’embarquement de jeunes venus de milieux défavorisés. Avec les quatre membres d’équipage (skipper, bosco, mécanicien, cuisinier), ils peuvent s’attendre à une vitesse de 11 nœuds par force 6.
Le Rewa naviguera d’avril à octobre et, dans la mesure du possible, pas au-delà d’un « vent frais ». Nouveauté chez le patron de Choren Design & Consulting : 45 mètres carrés de panneaux solaires, placés à 3 mètres au-dessus du pont, les batteries servant de ballast. Cette source d’énergie, si elle n’ajoute rien à la beauté du voilier, pourrait permettre sa propulsion pendant neuf heures par force 6. Coût de l’opération, 1,5 million d’euros. ◼
Louis Baumard