Gwenn Cariou et Damien Buon sont charpentiers, établis depuis quatre ans et demi près de Cassis, à Carnoux-en-Provence (13). Dans leur atelier, baptisé Vent d’Ouest (CM 289), ils ont accueilli cet hiver deux belles unités locales pour des restaurations complètes. Mireille, un pointu de 1962, mesurant 5,50 m, basé au port de La Ciotat, a reçu un pont en acacia, modernisé, à la façon d’un gozzo italien, et un moteur neuf, installé par un mécanicien venu de Marseille. Toutes ses œuvres mortes ont été reprises et une dizaine de membrures remplacées. Amandine, une barquette de 1968 et de 6,50 m, du port des Lecques, dans le Var, a également été restaurée avant de retourner à l’eau début juin.
Le propriétaire du Tahiti Ketch Matakiterani a renouvelé sa confiance aux charpentiers de Vent d’Ouest pour l’entretien et les réparations. Ils ont ainsi réalisé le grand carénage annuel, mais aussi remplacé quelques membres et le pavois. Les deux complices ont également racheté Wiliwam, le Requin numéro 373 (construit par Pouvreau en 1966), pour lequel ils recherchent un acquéreur prêt à se lancer dans une restauration dont le montant est estimé à 20 000 euros. Ils ont aussi nourri de fructueux échanges avec l’architecte François Vivier. « Damien et moi, on aime les bateaux sportifs, qui marchent bien à la voile, et c’est pour ça qu’on s’est adressé à François Vivier. Il nous a recommandé, parmi ses plans, de construire le Gabian. Plusieurs personnes nous ont déjà fait part de leur intérêt pour ce bateau. »
Les deux jeunes réfléchissent aussi, entre deux couches de vernis, au voilier qu’ils souhaitent se construire et qui deviendrait la vitrine du chantier : « Ce serait un bateau dans l’esprit traditionnel, mais conçu et construit “moderne”, en contreplaqué, et motorisé. » En attendant, ils ont acquis un terrain de 500 m2 près de leur local, ce qui leur permet de proposer une petite activité d’entretien et de gardiennage, avec un portique de 7 t qui facilite les travaux de manutention.
« Jusque-là, notre atelier n’était pas très visible, mais maintenant avec le terrain, clos par un portail et notre belle enseigne, on nous repère mieux qu’avant », constatent les deux amis. Qui commencent, sans se vanter, à avoir une petite réputation à Cassis… • Nathalie Couilloud