Le Musée maritime d’Amsterdam et la Galerie nationale des portraits néerlandaise ont créé conjointement l’exposition Mens op Zee (« Les gens en mer »), qui présente plusieurs séries de photographies de paysages maritimes et de personnes embarquées de toutes sortes, toute époque et tous horizons depuis les débuts de la photographie, marins de métier, passagers de navires, navigateurs professionnels en solitaire…
« Le plus ancien cliché présenté est un daguerréotype de 1845 », précise la conservatrice de la Galerie nationale des portraits néerlandaise, Rose Ieneke van Kalsbeek, qui a préparé cette exposition avec son homologue du Musée maritime, Sara Keijzer. « L’œuvre la plus récente date de janvier 2023, c’est le portrait de Jeanette Morang, commodore de la Marine royale néerlandaise, photographiée par Colette Lukassen. »
En sélectionnant des clichés parmi les collections du Musée maritime national et d’autres collections néerlandaises, les commissaires ont souhaité montrer comment la photographie a fait connaître des hommes et des femmes longtemps restés invisibles. L’usage de cette technique était en effet d’abord réservé à des privilégiés. « Seuls les capitaines ou les personnes d’un statut élevé pouvaient d’abord se permettre d’avoir un appareil photo, ou d’être photographiés, expliquent les deux commissaires. Peu à peu, certains se sont intéressés aux personnes de statut plus bas, les cuisiniers, les matelots… Nous avons même la photo d’une femme de chambre sur le vapeur Nickerie, un bateau du Service royal des postes des Indes occidentales, qui maintenait une liaison entre Paramaribo et New York. » Pour ce qui est des clichés les plus contemporains, Colette Lukassen a été chargée par le musée d’Amsterdam de réaliser des portraits de neuf femmes engagées dans la Marine royale néerlandaise, montrant l’intégration progressive des femmes dans ce milieu.
« L’idée n’était pas seulement de montrer ces photos mais aussi de raconter une histoire personnelle et individuelle, ajoutent les commissaires. Cela a été un travail de recherche dans les archives assez conséquent, surtout pour les plus anciennes. » Des noms oubliés resurgissent ainsi du passé, ainsi que l’histoire du pays, avec par exemple les photographies des travailleurs indonésiens contractuels, en route pour l’ancienne colonie néerlandaise du Suriname. Ou les quelque vingt-six mille titres de voyage des musulmans indonésiens qui faisaient le pèlerinage à la Mecque, donnant des éclairages sur ce passé sous le régime colonial.
Exposition ouverte jusqu’au 28 mai 2023 au Musée national maritime d’Amsterdam.