©Gwendal Jaffry

Patrick Bigand connaît bien l’aviron, qu’il a pratiqué à Enghien et à Oxford. « J’ai un skiff en carbone-kevlar avec un peu de bois mais le top, ce sont les Stämpfli qui, dans les années 1980, collectionnaient les médailles. Je conservais à l’esprit l’idée d’en avoir un, quand, il y a un peu plus de deux ans, sur Le Bon coin, j’en ai trouvé un en vente vers Auray. Titus, c’est son nom d’origine, est un skiff de 7,80 mètres de long pour environ 16 kilos de déplacement, numéroté 566 et daté de 1970. Le constructeur de Zurich n’a pas su me dire pour qui il avait été construit mais je suppose que son commanditaire faisait à peu près mon gabarit car je m’y sens très à l’aise. »

Mais avant de pouvoir l’essayer, il a fallu le restaurer, certaines réparations et les vernis ayant été mal faits, quand d’autres restaient à réaliser. Patrick a commencé par décaper l’extérieur et par enlever le pont en toile de vinyl renforcé. L’intérieur une fois accessible, il a réparé plusieurs fissures et quelques enfoncements en s’aidant de petits conformateurs « maison » bien calés. Une fois le bordé en acajou de 3 millimètres d’épaisseur revenu en place, il a appliqué sur la zone un roving de verre très fin collé à l’époxy. 

L’ensemble de la coque a ensuite été recouvert d’un pongé de soie de 45 grammes par mètre carré, collé au vernis Epifanes dont il a appliqué onze couches. « Ce pongé, présent à l’origine et que j’ai enlevé au décapage, servait à éviter que le bordé ne fende, comme le taffetas à l’intérieur, que je n’ai pas touché. » Pour remettre en place le vinyl du pont, qui ne « débordait » du livet que d’un petit centimètre – il était coincé sous une fine latte –, Patrick a dû trouver une astuce. « J’ai ajouté sur le pourtour un scotch de masquage de 50 millimètres de large qui m’a permis de le tendre afin de le coller sur un double-face de voilier. Une fois le scotch de masquage enlevé, j’ai finalisé le tour avec un scotch toilé bleu. Je n’ai pas remis de petites lattes faute d’avoir les bons clous mais surtout parce que je pense que ça peut être une source de pourriture. » Enfin, il a peint en blanc les portants en acier, jadis recouverts de nylon, puis refait la sellette et les chaussures en cuir…

Titus a été mis à l’eau le 14 août à Douarnenez sur le Port-Rhu, qui devient son nouveau plan d’eau. Aller ramer ailleurs tente bien Patrick, « mais un skiff… c’est un peu long pour le toit d’une voiture ! »  G. J.

Publié dans Le Chasse-Marée 341 – Octobre-Novembre 2024