En 1991, sur une plage à proximité de Manama (Bahreïn), il achète le « shu’i » Mushahed Al Moj à un pêcheur de perles sauvages. Le bateau – qu’il rebaptise Lulouath, « la perle » en arabe phonétique – a été construit à Bahreïn. L’Administration (naissante) le recense en 1973. Mais cette unité de 9,70 m de long (2,35 m de large, 1,35 m de tirant d’eau, 3,4 tonnes de déplacement) serait en fait bien plus ancienne, peut-être des années 1920 comme le laissent à penser ses matériaux et leur façonnage. En 1992, une première restauration a lieu à Riyad. Le pont et le barrotage sont entièrement refaits en acajou. Lulouath conserve sa grande cale et le moteur de 18 ch installé à la fin des années 1960, mais il retrouve son gréement et ses deux voiles totalisant une surface de 80 m2. Deux ans plus tard, Jean-Pierre quitte le golfe et Lulouath embarque sur un cargo russe qui l’amène à Gênes. Basé à Port Auguier, mais toujours sous pavillon bahreïni, le « shu’i » naviguera désormais le long de la presqu’île de Giens et vers les îles d’Hyères.
Mais en 2015 les navigations s’interrompent. Le temps a fait son œuvre. Membrures et varangues sont fissurées par l’abondance de clous et le bordé est usé. Bref, le bateau ne se tient plus. Sur les conseils de son ami charpentier Patrique Girard, Jean-Pierre confie la restauration de son bateau à Denis Borg, charpentier de marine marseillais installé au Pharo. Au programme, remplacement de la structure transversale – dont nul n’est parvenu à découvrir l’essence – par une nouvelle en chêne et bordé neuf en niangon. La mise à l’eau est prévue pour l’été.
par Jean-Yves Béquignon
Crédits iconographiques : Jean-Yves Béquignon