Longez la côte norvégienne depuis le Sud pendant environ 800 milles. Passé le Cercle polaire, continuez sur deux bons degrés de latitude ; sur votre droite s’ouvrira le fjord de Gratangen. Sur un peu plus de 300 kilomètres carrés, le district compte 1100 habitants, dont 200 dans l’agglomération principale, Årstein. Ici est basée l’une des plus actives des cent vingt-six associations de Kysten, la fédération norvégienne de la culture maritime : Gratanger Kystlage, qui regroupe plus de cent membres actifs. Fondée en 1989, pour lancer une fête de bateaux traditionnels, cette association reçoit en 1990 la visite du hooker St Patrick, dont les équipiers lui remettent une invitation à participer aux fêtes maritimes qui auront lieu à Brest en 1992. Les Norvégiens le prennent au pied de la lettre : deux ans plus tard, ils se pointent en Bretagne à la voile à bord de Grytir, le fembøring qu’ils ont construit pour l’occasion (CM 67).
Gratanger Kystlage devient vite un habitué des fêtes maritimes françaises. Cette année, à Vannes, c’est une délégation exceptionnelle de vingt-cinq membres qui débarque de Gratangen, avec six musiciens en renfort. Les bâtiments installés comprennent un atelier, accueillant la mise en chantier d’un seksåring, canot du Nordland de 6,40 mètres qui sera terminé après les fêtes, dans l’été. L’équipe de Gratangen monte aussi un nautgamme, abri à bateau en bois et en tourbe, et suspend ses filets de cabillaud sur un grand séchoir à morue. Enfin, outre des dégustations de svele, sorte de crêpe au petit-lait et à la confiture, ce « village norvégien » accueille des animations historiques avec les membres de l’association française Thorvald, connue pour ses reconstitutions de scènes de vie et de combats de Vikings.
La « journée norvégienne » du 30 mai se termine par un concert du groupe de musique traditionnelle du Nordland Hekla Stålstrenga. Cette fois, Gratanger Kystlag ne vient pas par la mer, mais il y a tout de même trois bateaux dans ses bagages, dont un canot de pêche same ; ils navigueront avec les voile-aviron aux côtés des navires norvégiens « locaux », habitués de ces fêtes, et de ceux de Thorvald qui arme les faering Freyja et Eirik, ainsi que le Seksåring Snorre. Cette association vient également avec Gisle, l’une des répliques du bateau danois médiéval de Gisling construites au musée de Roskilde.