Casquette et barbe blanche, cigarette roulée et pull marin, Henri Richard, dit « Tonton » dans la profession, est l’un des derniers témoins de la grande époque des « Pharesbal’ » à raccrocher.
Né en 1953 à Pleumeur-Gautier (Côtes-d’Armor), titulaire d’un BEP-CAP d’électromécanicien, il commence par travailler dans le privé. Lorsqu’il se retrouve au chômage, il a l’idée de s’essayer au métier de gardien de phare après avoir appris qu’un de ses oncles avait appartenu à cette étrange confrérie.
Il obtient un premier poste d’auxiliaire aux Héaux de Bréhat, ce qui ne lui déplaît pas trop puisqu’il enchaîne les remplacements pendant deux ans. Il suit ensuite les cours du Centre de formation des électromécaniciens de phares, à Brest, avant de se voir proposer un poste à Dunkerque ; pour rester en Bretagne, il s’arrange avec un collègue et se retrouve à Ar-Men, où il passera un peu plus de deux ans. Viviane, sa femme, habite tout ce temps dans la maison des gardiens à Sein.
Tonton veille ensuite sur les Triagoz qu’il quitte en 1984 quand le phare est automatisé. Puis il passe de l’un à l’autre, effectuant dépannages et travaux d’entretien. En 1993, Henri Richard décide de retourner dans un phare. Des deux affectations qu’on lui propose, le « haut fonctionnaire » opte pour les 145 marches de Fréhel contre les 397 de l’île Vierge. Outre l’entretien courant du phare – automatisé et commandé depuis Lézardrieux à partir de 1995 –, il reçoit des centaines de visiteurs et fait merveille avec les enfants des écoles. Depuis le 31 août dernier, Tonton a pris sa retraite à soixante-six ans et le phare de Fréhel est désormais inhabité.