En 2006, la goélette Tara et son équipage de onze hommes et femmes s’étaient laissés piéger dans les glaces pour dériver pendant cinq cent sept jours afin de recueillir des informations sur le pôle Nord, l’une des vigies climatiques de la planète.
Seize ans plus tard, la Fondation Tara vient d’annoncer qu’elle lance la construction de Tara Polar Station, une station dérivante prévue pour étudier les conséquences du changement climatique sur la biodiversité, depuis les grandes profondeurs jusqu’à l’atmosphère. Conçu avec Olivier Petit – l’un des architectes de Tara et de Persévérance, le voilier ravitailleur de Polar Pod, la station dérivante de Jean-Louis Étienne qu’il souhaite mettre en service dès 2023, mais qui n’est encore qu’à l’état de maquette –, ce laboratoire embarquera douze à vingt scientifiques de différentes nationalités, pour des campagnes de dix-huit mois, qui devraient se succéder jusqu’en 2045. Des artistes, journalistes et médecins accompagneront les climatologues, physiciens, glaciologues, océanographes et autres biologistes, chargés de collecter des données sur la migration des organismes marins vers l’Arctique, l’impact du changement climatique sur les écosystèmes, les mécanismes du dérèglement climatique au pôle, tout en recueillant des informations sur l’adaptation de la vie en milieu extrême – l’hiver, les températures autour de la base oscilleront entre – 20 et – 45 degrés.
Le projet a d’ores et déjà reçu le soutien de l’État, à hauteur de 13 millions d’euros, et développe de nombreux partenariats scientifiques, avec le CNRS, le CEA, le CNES, l’université de Laval à Québec ou celle du Maine (États-Unis), entre autres. Tara Polar Station devrait être opérationnelle en 2024.