Sur le site du vieux port de Göteborg, dans le Sud-Ouest de la Suède, une équipe d’archéologues réalisent des fouilles autour de plusieurs épaves, révélées lors d’importants travaux de creusement d’un tunnel pour un futur train souterrain. Trois bateaux avaient été mis au jour au début des travaux, en 2019. Les chercheurs en sont aujourd’hui à neuf, datant tous d’époque différentes, du XVIIe au XIXe siècle. Les fouilles s’opèrent à l’emplacement de l’ancien bassin portuaire de Masthamnen, creusé au XVIIe siècle et comblé en 1861.
Toutes les épaves n’ont pas été identifiées, mais les archéologues pensent que certaines pourraient être celles de navires de la Compagnie des Indes Orientales suédoise (CM 192). Celle-ci, basée à Göteborg, a considérablement contribué au développement de la ville et du port de commerce, dont la reconnaissance officielle par le royaume de Suède date de 1621. Récemment, les archéologues ont présenté au public la reconstitution de deux canots de transport à l’aviron, dont les restes, bien conservés, s’étaient disloqués. Ils dateraient du XIXe siècle et auraient servi au déchargement des marchandises apportées par les grands navires, mouillés à l’entrée du port. Ils témoignent de l’activité foisonnante de cette partie du havre à cette époque.
L’équipe de Maritimam, le musée à flot voisin, profite de sa proximité avec le chantier pour s’ouvrir à l’archéologie navale en travaillant sur la manière de valoriser les vestiges retrouvés. Outre les pièces de charpente, les archéologues ont découvert différents objets de la vie à bord, comme un compas, des pièces de monnaie ou des ustensiles de cuisine, qui bénéficient actuellement de traitements de conservation en vue de leur présentation au public. « Ces épaves nous permettront de présenter notre culture maritime sous un autre angle, souligne Johannes Olsson, le directeur de Maritimam. Nous avons beaucoup de bateaux à flot, mais pas du tout de vestiges anciens. »
La muséographe Cajsa Rundström travaille ainsi à la préparation d’une exposition qui doit se tenir, en juin prochain, dans l’ancienne gare maritime de Göteborg, là où, au XIXe siècle, des milliers de migrants transitaient avant d’embarquer sur des long-courriers à destination de l’Amérique. Présentés dans ce bâtiment emblématique, datant de 1864, ces vestiges feront plonger le visiteur dans l’histoire de ce grand port scandinave qui abrite déjà, dans son musée municipal, les restes du plus vieux navire marchand scandinave connu à ce jour, datant d’environ 900, le knarr d’Äskekärr.
Clémentine Le Moigne
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