Dans un hangar loué à l’association Les Marguerites, à Lorient, deux étudiants, Solen Ruffy et Guillaume Pic-Rivière construisent depuis l’été 2018, pendant leurs week-ends et leurs vacances, un plan Wharram revisité, Oblatchka (« petit nuage », en russe). Pour cette construction, ils ont suivi les plans du Tahiti Wayfarer 21 (6,40 m de long par 3 m de large), avec un gréement de ketch à leur façon. « Notre projet consistait à construire un bateau à toute petite empreinte écologique, souligne Guillaume. Le choix d’un plan Wharram allait en ce sens. Ensuite, il suffit de bien réfléchir à tous les matériaux qu’on utilise, et d’expérimenter. Bien entendu, ce projet n’est pas parfait, mais c’est une bonne base. »
Les coques sont ainsi en contreplaqué de bouleau certifié PEFC/FSC, le pont et les espars en essences d’Europe du Nord, les poutres de liaison taillées dans un aulne que Solen et Guillaume ont abattu dans la région de Quimperlé. Toujours dans une quête d’impact environnemental limité, leurs voiles sont issues du recyclage, comme leurs cordages, à moins qu’ils ne soient en chanvre goudronné. Seul bémol à ce tableau « vert » : la résine utilisée pour la stratification et les joints, même si Solen et Guillaume ont travaillé avec de la fibre de lin et de l’époxy biosourcée à 70 pour cent. « La fabrication du tissu de lin a très peu d’impact, et c’est biodégradable, souligne Guillaume. Sauf que – et c’est là qu’on voit que notre projet peut être amélioré –, nous nous sommes rendu compte que nous aurions pu utiliser deux fois moins de fibre de lin, et donc moins de résine époxy qui, elle, reste non biodégradable. »
À l’heure où nous bouclons ce numéro, ne reste plus qu’à enduire et peindre les coques, et traiter les espars, les poutres et le pont au goudron de Norvège. La mise à l’eau du catamaran devrait se faire à l’automne. Au programme d’Oblatchka, après un temps de prise en main, la découverte des îles anglo-normandes. Ensuite, Solen et Guillaume espèrent partir à la découverte de la Baltique…