Pour la première fois depuis son lancement, L’Hermione s’aventure ce printemps en Méditerranée. En Escale à Sète, la frégate jouera les stars de la fête, aux côtés des grands voiliers fidèles au rendez-vous comme Santa Eulalia, le « pailebot » du musée maritime de Barcelone, qui fêtera cette année ses cent ans, et Kruzenstern, ex-Padua. Le quatre-mâts barque de 1926 était absent lors de la dernière édition, mais sa venue en 2012 et 2014 avait marqué la transformation d’Escale à Sète en rendez-vous majeur. La Grace, réplique d’un brick du XVIIIe siècle, sera de la fête aux côtés de Shtandart, reconstitution d’une frégate de Pierre le Grand. Le dundée des Sables-d’Olonne Mutin, le plus ancien navire de la Marine nationale (1927), basé à Brest, passe Outre-Gibraltar pour la première fois depuis soixante-cinq ans. Ces têtes d’affiche promettent une belle affluence aux fêtes maritimes de Sète, devenues les plus importantes du bassin méditerranéen.
Escale à Sète est loin de se limiter à ces vedettes. La flottille la plus nombreuse est celle des voiles latines : une cinquantaine d’associations, plus de soixante-dix bateaux d’Occitanie, de Catalogne ou de Provence, ou des rivages plus lointains de l’Adriatique. Dans les « villages » d’Italie et de Croatie, entre expos, conférences et ateliers de charpente, on dégustera des préparations peu connues. La goélette Oloferne présentera les musées maritimes italiens (lire page suivante). Ceux de Cesenatico, de Gênes et l’association Vele d’epoca Verbano, avec les associations croates Cronaves, Palagruza et Latinsko Idro, viendront avec une dizaine de bateaux, présentés au public à terre, pour la plupart.
Cairol, la barque de poste de Robert Mornet, voisinera avec des bateaux hollandais au village fluvial, une nouveauté par laquelle Escale à Sète entend mettre en valeur le port comme carrefour entre la Méditerranée et les canaux qui le relient à l’arrière-pays.
À l’image des charpentiers croates qui construiront une « gondula » avec le jeune public, cette Escale, préparée de longue date avec les écoles locales, met l’accent sur la transmission d’une culture bien vivante, multipliant les ateliers de matelotage, les contes, les chants.
Le festival donne plus de place aux animations sur l’eau, à commencer par les incontournables joutes nautiques. Le caractère méditerranéen de la manifestation est accentué – même si, du fait d’éléments brestois infiltrés, à côté de la « rame », la godille fait son apparition au programme. Le travail de fond sur le contenu, en partenariat avec les musées maritimes aussi bien qu’avec les pêcheurs, les musiciens (lire notamment p. 40) ou la cinquantaine de restau–rateurs associés à « Escale Assiette » porte ses fruits. Reconnaissance unique en son genre pour toute l’association organisatrice et les bénévoles, emmenés par Annick Arthaud, sa présidente, Wolfgang Idiri, le directeur, et Raymond Dublanc, le joyeux « gardien » de son esprit (lire p. 50), le rassemblement se déroule sous le patronage de l’unesco, qui a tenu à saluer officiellement ses « bonnes pratiques de sauvegarde du patrimoine ».
Les travailleurs du port, les bateaux de travail et les marins d’aujourd’hui, ne sont pas invités… et pour cause : du matelot au patron, ils sont naturellement au cœur de la fête. Ils en rencontreront le public, notamment à travers une série d’expositions, d’animations et d’entretiens organisés par l’association l’Arbre de mestre. Les navires thoniers formeront d’ailleurs une haie d’honneur pour accueillir L’Hermione, et les plus petites unités de pêche locales ont rendez-vous pour saluer le départ de la flottille. •