Ouvrier travailant sur la restauration de l'Hermione.

On sait depuis plus d’un an que des travaux seront nécessaires sur L’Hermione. L’association a – enfin – évoqué ce chantier. Il sera long, lourd et coûteux.

« La frégate L’Hermione est réparable et renaviguera », a lancé Marc de Briançon, président de l’association propriétaire, le 20 octobre dernier, ajoutant que tout serait mis en œuvre pour sauver le navire. Car c’est bien d’un sauvetage qu’il s’agit, loin du « carénage » longtemps évoqué…

Le navire souffre du développement de deux champignons, le polypore des caves et le lenzite du chêne. « Ces champignons prospèrent quand trois conditions sont réunies, explique Jean-Philippe Houot, de la société Yacht Concept, maître d’œuvre du chantier : stagnation d’eau douce, obscurité et chaleur. » Si l’association communique sur le fait que seuls 40 mètres cubes de bois sur les 600 qui constituent la frégate sont concernés, l’information est réductrice. Les zones attaquées (photo ci-dessus, une varangue de l’avant), la poupe comme l’étrave, sont les plus complexes du navire en termes de charpente. Pour réparer, il faut tout démonter…

Les travaux ont été confiés à la société Asselin pour l’arrière, et au Chantier du Guip pour l’avant. À défaut de bois massif disponible dans de courts délais, les pièces seront réalisées en lamellé-collé époxy, tout en veillant pour l’avenir à assurer ventilation et drainage. Yann Mauffret envisage ainsi de créer des vides d’air supplémentaires en supprimant le tiers des allonges d’écubiers. Les anguillers seront agrandis et traversés par une chaîne manœuvrable pour assurer le drainage vers les sentines.

Émilie Beau, déléguée générale, a évoqué la facture : 3,5 millions d’euros ont été levés par le biais des collectivités locales, des banques et de l’État. Cette somme permettrait de couvrir les travaux jusqu’au 31 décembre 2022. Pour poursuivre à partir du 1er janvier 2023 un chantier qui s’étendra sur au moins quinze mois, il faudra 6,5 millions d’euros supplémentaires. L’association espère réunir cette somme par appel à dons, visites du chantier et mécénat.

Reste à savoir comment on en est arrivé là… L’infiltration d’eau douce ou saumâtre – le navire passe de longs mois chaque année dans une forme de Rochefort – via les carvelles du bordé a été évoquée. Peut-être le mal est-il arrivé par les hauts. Une polémique est née aussi concernant le traitement fongicide originel. Un faux débat pour Yann Mauffret. « Le chêne n’est pas imprégnable, explique-t-il. On ne peut traiter que de façon superficielle et les traitements se diluent dans l’eau. Au mieux on ne peut espérer que quatre à cinq ans de garantie. »

Au-delà du sauvetage, que l’on souhaite réussi, espérons que cette malheureuse expérience permettra d’en tirer d’utiles enseignements pour l’avenir. Jean-Yves Béquignon

 

Crédits photos : PHOTOPQR/LE TELEGRAMME/MAXPPP