Le ketch Va de Bon Cœur (16,76 m de long, 4,80 m de large), est sorti le 15 juillet dernier de son atelier de Cartigny, une commune près de Genève, quarante ans après le début de sa construction. Rêvant d’un bateau familial qu’il mettrait sur cale, Raymond Jaunin s’était rendu en 1977 chez l’architecte naval George Auzépy-Brenneur (CM 298) pour acquérir les plans de son futur voilier. Il s’était ensuite lancé dans le chantier, découvrant à mesure le métier de charpentier de marine avec le tracé à l’échelle, le collage de la quille, la fabrication des trente-huit couples, le montage de la charpente… « J’étais alors en avance d’un mois sur le planning que je m’étais fixé, se souvient Raymond. À ce rythme-là, ce serait bouclé en cinq ans ! » Plein d’entrain, il enchaîne avec la pose des lisses, puis des bauquières, contre-bauquières…
Le bateau est alors prêt à être bordé, en bois moulé. Parfois, Raymond est aidé de ses deux fils. Ce sont aussi deux constructeurs navals, Philippe Durr et Daniel Deshuss qui lui prêtent la main pour stratifier la coque. En 1982, le bateau est retourné. Les emménagements sont construits, le rouf, le pont…
Mais, en 1987, Raymond est contraint d’interrompre le chantier. Une pause qui va durer trente et un ans. « En 2018, une personne que je connaissais m’a proposé de récupérer la coque pour en faire un mobile home dans son jardin. C’était le mot de trop. Ma compagne et moi avons décidé de reprendre le chantier de Va de Bon Cœur. » Malgré le travail qui lui reste à effectuer, notamment la fabrication des espars, Raymond Jaunin, animé d’un nouvel élan, prévoit d’achever son ketch d’ici cinq à six mois. Va de Bon Cœur sera ensuite convoyé jusqu’à Majorque, son futur port d’attache.