De 2018 à 2022, dans le cadre du projet Pandora (Paradigme pour une nouvelle dynamique d’évaluation des ressources océaniques), scientifiques, armateurs et professionnels de la pêche ont travaillé ensemble pour créer un outil informatique de modélisation de l’état des stocks européens. Disponible sur le site du Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM), « il est destiné aux pêcheurs et scientifiques, mais aussi aux responsables des politiques de gestion des pêches, précise Vera Köpsel, chercheuse à l’Institut pour l’écosystème marin et les sciences halieutiques à l’université de Hambourg, qui a participé au projet.
« Il sera possible de faire tourner le modèle en changeant différents paramètres, comme la température de l’eau, les courants, mais aussi bien sûr l’effort de pêche afin de connaître comment un stock évoluera, et ainsi mieux anticiper sa gestion. » Pour alimenter le modèle, de nouvelles données sur la biologie de trente espèces commercialisées en Europe – croissance, maturité, répartition géographique mais aussi impact des changements de température de l’eau, des courants, etc. – ont été obtenues pendant le programme, grâce à des expérimentations en laboratoire, et sur l’eau par les marins.
« Intégrer les pêcheurs à ces travaux était particulièrement important car ils passent beaucoup plus de temps en mer que nous, scientifiques, et ont donc accès à beaucoup plus de données, ajoute Vera Köpsel. Sept études de cas ont ainsi été menées, en baie de Biscaye, en Méditerranée de l’Ouest, dans le canal de Sicile, dans la mer Égée, dans l’Est de la Baltique, dans la mer du Nord et sur le plateau continental au Nord-Est de l’Europe. Les pêcheurs ont effectué un échantillonnage systématique de certaines espèces quand ils étaient en pêche. Nous les avons aussi interviewés sur les changements observés au cours des dernières années. » Il ne s’agissait pas seulement de s’intéresser à l’effort de pêche, mais aussi de prévoir comment le changement climatique affectera les stocks à l’avenir, « de façon à ce que les quotas soient mieux établis et les pêches gérées de façon plus durable », conclut la chercheuse.
© Vera Köpsel