Voici une vingtaine d’années, seulement 15 pour cent des volumes de poissons débarqués en France métropolitaine étaient issus de populations exploitées durablement, c’est-à-dire avec une pression de pêche respectant le rendement maximal durable. (Ce terme désigne, pour l’IFREMER, la « plus grande quantité de poissons qu’il est possible de pêcher sur le long terme sans altérer la capacité de la population à se reproduire. ») Dans le bilan 2020, l’institut fait état de 47 pour cent des volumes débarqués issus de populations en bon état, principalement des espèces présentes en Atlantique (sardine, baudroie, coquille Saint-Jacques, merlu).
Par ailleurs, 13 pour cent des stocks sont encore « en reconstitution ou reconstituables ». Pour ceux-ci, la pression de pêche est conforme à celle permettant le rendement maximal durable, mais la biomasse des reproducteurs (la quantité) n’est pas encore suffisante. Ces espèces (thon rouge, bar), si la pression reste stable, devraient poursuivre leur reconstitution jusqu’à retrouver un bon état.
Ces résultats encourageants ne doivent pas faire oublier que certaines populations sont soumises à une pression de pêche trop forte. Les scientifiques estiment que 14 pour cent des volumes débarqués sont issus de populations « surpêchées ». Pour ces espèces (églefin, merlan), la biomasse des reproducteurs est aujourd’hui encore suffisante, mais les stocks pourraient s’effondrer si l’effort de pêche ne diminue pas. En outre, 4 pour cent des volumes débarqués ressortent de populations aux stocks « surpêchés et dégradés » : la biomasse des reproducteurs est insuffisante pour assurer la pérennité des espèces concernées (chinchard, sole), et la pression de pêche reste trop importante.
Du côté des populations effondrées, les scientifiques citent le cabillaud, en mer du Nord et en mer Celtique, et le merlu, en Méditerranée, pour lequel l’institut préconise une réduction de 30 pour cent de l’effort de pêche. D’une manière générale, le cas de la Méditerranée reste toujours inquiétant : un tiers des volumes débarqués y provient de populations surpêchées. Sans compter que « pour 61 pour cent des débarquements, il y a une méconnaissance de l’état des populations », rappellent les chercheurs.