L’expression est certes un peu exagérée, mais tout de même, c’est une jolie brochette de bateaux qu’il nous a été donné de voir plusieurs mois durant le long du boulevard qui sépare le chantier de la ria. Parmi les «grands», il y avait notamment le boutre Nizwa dont les trois charpentiers douarnenistes ont réalisé le berceau asymétrique nécessaire à son exposition durant quelques semaines sur le parvis de l’Institut du monde arabe, à Paris. « Bientôt, on va boucher sa cage d’hélice, explique Christoph Eberhardt, le patron de Pleine mer. Son propriétaire a en effet décidé de le doter d’un pod. » Chez les grands toujours, Wanda, un lougre sur plan César Orsini construit en Inde dans les années 1990, ne passait pas inaperçu. « Les hauts, abîmés, sont à refaire, poursuit Christoph, ainsi que certaines superstructures car le bateau va passer en “navire d’utilisation collective” (NUC), ce qui implique quelques adaptations, comme le recul de la barre à roue extérieure. Partant, ce sont aussi les emménagements qu’il va falloir reprendre, d’autant qu’on peut optimiser l’espace intérieur et que le bateau devrait être amené à embarquer plus de monde dans sa prochaine vie. » Chez les grands enfin, les charpentiers sont intervenus sur le Richard Marika, un ancien fileyeur construit en 1978 aux Sables-d’Olonne au Chantier Union & travail et qui sert aujourd’hui à faire découvrir la mer au plus grand nombre. « Les hauts sont à refaire, mais nos interventions dépendent des subventions que perçoit l’association propriétaire, explique Christoph.

Cette année, nous avons changé les serre-bauquières, les contre-serres et le barrotage dans la moitié avant. Puis nous avons posé un pont provisoire qui va permettre de naviguer jusqu’à l’an prochain où nous travaillerons cette fois sur les jambettes… »

À l’abri des deux hangars, ce sont trois bateaux bien différents qui ont également connu des interventions lourdes pour être à nouveau opérationnels dès cet été. Ecamia II, un Muscadet de 1964 propriété de Jacques Breton depuis 1968, a vu le remplacement de ses boulons de quille, mais également de l’ensemble de son bordé. La Mouette (CM 137), un magnifique petit Tertu qui a longtemps fait le plaisir des amateurs de belles manœuvres du temps où il était mené par Albert Rivoal (CM 283) est aussi entré en quasi-reconstruction, seules les membrures pouvant être conservées. Mahebe, un sloup de 8,80 m sur plan Sergent construit en 1961 chez Lambert, à Rouen, a vu ses hauts, son pont et son tableau cintré entièrement refaits. À noter enfin une intervention de Pleine mer à l’extérieur pour revoir des liaisons sur le Cap Nord Icare, basé à Plouhinec (29). « Les prochains mois devraient être assez chargés, conclut Christoph, qui fête cette année les dix ans de son chantier. C’est enthousiasmant et c’est aussi motivant, l’activité ne cessant de croître sur la ria grâce également à un joli dynamisme associatif. » 

Crédit iconographique : Mélanie Joubert