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Plus forts que l’Homme aux échecs et au jeu de go, capables de composer des sonnets sur commande, d’apprendre et de traduire les langues humaines à une vitesse époustouflante, les ordinateurs sauront-ils bientôt déchiffrer le langage des cachalots, et, qui sait, leur répondre ?

C’est la folle ambition du projet CETI, qui associe des spécialistes des cétacés à des informaticiens spécialisés dans le traitement automatique des langues, ou Natural language processing (NLP).

Les clics des cachalots, outre leur fonction d’écholocalisation, leur servent aussi à s’identifier, voire à communiquer, à travers des séquences repérables, à la façon d’indicatifs en code Morse. Le premier enjeu de CETI, qui se base sur une population de mammifères marins résidents au large de la Dominique, consiste à enregistrer, à l’aide de drones sous-marins et aériens, et avec des capteurs posés sur les spécimens étudiés, des millions des séquences de clics, associées à des informations sur les individus concernés et leur comportement.

D’énormes volumes de données doivent être traités pour espérer en apprendre quelque chose… ou pas. Les intelligences artificielles ont certes fait la démonstration qu’elles pouvaient passer d’une langue à l’autre sans « pierre de Rosette », c’est-à-dire sans texte de référence traduit au départ, mais CETI laisse nombre de spécialistes plutôt sceptiques. Les capacités du NLP restent à prouver, s’agissant d’entrer en communication avec des intelligences animales, aux références et au fonctionnement éloignés des humains. Cela dit, les clics des cachalots offrent en l’espèce un bon terrain d’expérimentation : dans l’obscurité sous-marine, la communication entre individus se concentre sans doute sur ces messages auditifs simples, sans faire entrer en jeu simultanément de complexes messages corporels ou tactiles.

Porté par des chercheurs d’universités et d’instituts de recherche américains, israéliens et britanniques, CETI fait évidemment référence au programme de recherche d’une intelligence extraterrestre SETI, resté sans résultat au terme d’une cinquantaine d’années d’écoute. Cette fois les buts semblent infiniment plus proches, et leur utilisation plus évidente, que ce soit à des fins scientifiques ou pour prévenir, par exemple, les collisions entre navires et cétacés. Sans oublier la poésie… Le rêve est permis.