« Que se passe-t-il ? » C’est la question que cherche à susciter l’artiste plasticien Julien Berthier (1975) en donnant à des objets du quotidien (lampadaires, miroir utilisé pour la sécurité routière…) des fonctions décalées de leur usage. « Je n’ai pas du tout de lien au maritime, précise-t-il, mais la mer est pour moi un univers à explorer. » Ainsi, sa dernière œuvre, ou « objet étrange », L’Invisible, est un bateau en forme de rocher, fabriqué avec du polystyrène et de la résine époxy, et doté d’un moteur. « Je voulais créer une œuvre qui s’immisce facilement dans le décor, ajoute Julien, qui soit discrète, en réaction à la demande actuelle d’un art spectaculaire et très visible. » Ce rocher mobile évoque « le thème du survivalisme, car il peut faire office de cachette ou de camouflage militaire, en se fondant dans le paysage. Il questionne aussi l’artificialisation de la nature, que ce soit avec ces îles que l’on crée de toutes pièces pour revendiquer des eaux territoriales ou les projets à venir de villes flottantes. » L’Invisible a terminé sa saison, mais il est encore visible sur le site de l’artiste, <julienberthier.org>.
Julien Berthier n’en était pas à son premier bateau insolite : en 2007, après avoir trouvé un voilier naufragé, il l’a coupé en deux, a rajouté un lest afin de le maintenir à 45 degrés sur l’eau et l’a exposé devant le port de Granville (50). « Love Love représente l’instant T juste avant la disparition d’un navire, moment éphémère et inquiétant rendu permanent. Fonctionnel avec deux moteurs électriques, il a aussi un côté rassurant. » Il dispose également d’un siège et d’une échelle pour le bain. Un petit tour ?