Des IMOCA qui se disputent une course autour du monde en plusieurs étapes, avec des marchandises à bord ? C’est l’une des idées proposées par le collectif de skippers La Vague, constitué en 2019, pour donner un nouveau souffle à la course au large. Le 13 février dernier, une première conférence lancée par ces skippers, dont Roland Jourdain et Arthur Le Vaillant, a rassemblé quelque deux cents personnes du secteur de la course au large. Elle a été prolongée par des ateliers, réalisés à distance en mars, avril et mai derniers, afin d’échanger autour de thèmes divers pour tenter de poser un premier constat sur l’impact environnemental des grands événements nautiques et proposer des solutions pour le minimiser.
« Naturellement, les matériaux sont l’un des premiers thèmes auxquelles on pense, précise Roland Jourdain. Mais réduire l’utilisation de matériaux composites polluants et non biodégradables pour les remplacer par des solutions biosourcées pose aussi la question de la finalité des régates. Est-ce qu’on recherche la performance et la vitesse à tout prix ? On pourrait, au lieu de récompenser celui qui a été le plus rapide, déclarer vainqueur le bateau le plus “écologique”. » Outre l’idée d’une course au large associée au transport maritime à la voile, réduire la quantité de déchets issus de la nourriture embarquée, souvent très emballée, interdire le plastique à usage unique sur les villages de course ou encore réfléchir à des moyens de transport mutualisés pour faire venir le public, les équipiers ou les techniciens sont encore d’autres pistes de changements recensées par le collectif suite aux ateliers.
Afin de concrétiser son action, La Vague se propose d’élaborer une charte qui établirait des règles à respecter pour les classes de skippers adhérentes au mouvement, comme l’utilisation de voiles biosourcées. Cette charte pourrait également concerner les organisateurs des courses qui se verraient ainsi encouragés à organiser des courses aller-retour, ou à introduire des classes de bateaux conçus avec une préoccupation environnementale. « Ce collectif ne pourra pas agir tout seul, observe Roland Jourdain. Nous devrons fédérer tous les acteurs qui partagent les mêmes questionnements, et ainsi parvenir à influencer la Fédération française de voile et les milieux des organisateurs d’événements sportifs. »