En 1933, Auguste Kerbrat passe commande d’un nouveau cotre au chantier Sibiril de Carantec, pour remplacer sa Mélanie, perdue peu avant. Dotée en 1936 d’une voûte qui en porte la longueur à 8 mètres, pour 3,10 mètres de largeur, Mélanie, deuxième du nom, s’illustre en régate. Yves Kerbrat, le frère d’Auguste, prendra sa suite pour travailler aux casiers jusque dans les années 1970.
«J’avais déjà un cotre dans les années 1960, mais j’avais repéré Mélanie dès cette époque, et pour tout dire je l’ai tout de suite convoitée », raconte le peintre de la Marine Stéphane Ruais, qui a fini par racheter le voilier en 1980. À noter qu’entretemps, aux mains de la famille Jaouen, Mélanie avait emporté un autre jeune équipier et artiste, notre collaborateur Nicolas Vial, qui connut à bord les plus grands émois maritimes…
« Mélanie reste toujours le cœur de mon inspiration», confesse Stéphane Ruais. Après de belles navigations au départ de son mouillage de Keremma et pas mal de travaux, une restauration de fond finit par s’imposer. Mélanie trouve refuge, voici une douzaine d’années, au chantier des 7 vents, à Saint-Pol-de-Léon, où Jérôme Lefranc s’y consacre au fil des possibilités du commanditaire. Aujourd’hui, comme le dit le charpentier, « le bateau est comme neuf ». La coque est terminée, aux finitions près, un « nouveau » moteur est installé, qui fait la joie de Stéphane Ruais : « un Saab monocylindre de 10 chevaux, qui se démarre bien à la manivelle. » Très attaché à ce que Mélanie navigue régulièrement, son propriétaire projette de le prêter à des amis, associations ou professionnels de confiance qui l’aideraient aussi à le soigner . « Il n’y a plus qu’à le peindre, couler un nouveau lest de béton, et réinstaller le gréement… Toutes les voiles sont prêtes, et si je parviens à réunir les gens intéressés, Mélanie pourrait reprendre la mer dès l’été. »
Tout près, un autre fameux cotre de Carantec est également aux petits soins des 7 Vents. Il s’agit de Jouet des Flots, construit pour M. Simon en 1920 au chantier Pauvy de Carantec. Ce voilier a été armé à la palangre et aux casiers pendant plus de vingt-cinq ans. Mesurant 7,95 mètres de long pour 2,96 mètres de large et 1,46 mètre de tirant d’eau, Jouet des Flots peut déployer quelque 80 mètres carrés de voilure. En décembre dernier, sa restauration a commencé, avec le changement du haut du tableau et de l’étrave, suivi de la réfection d’une grande partie de la membrure et du bordé.
Comme l’activité principale des 7 Vents reste le travail pour les pêcheurs de la région, cette première tranche de travaux doit s’interrompre au profit, notamment, du goémonier Mercure, de Batz, et du coquillier polyvalent Skuber Mor II, du Diben. « Rien ne presse », explique Jérôme Lefranc, qui intercale volontiers les travaux de plaisance entre les temps forts saisonniers sur les navires de pêche. Il estime que les travaux sur Jouet des Flots pourraient s’étaler sur deux ou trois ans.
Crédit photo : © Stéphane Ruais