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Les deux routes maritimes du Nord, ouvertes grâce au changement climatique, pourraient être remises en question par… le changement climatique. En effet, le réchauffement des eaux océaniques accentue la fonte des glaces de l’Arctique, ce qui entraîne la formation de brouillard, causé par « la rencontre entre l’air froid polaire et l’eau relativement chaude », écrit une journaliste et scientifique dans le PolarJournal [média en ligne spécialisé dans les mondes polaires], citant une étude de l’Ocean University of China, publiée dans la revue Geophysical Research Letters.
Ces chercheurs y démontrent que les épisodes de brouillard entre 1979 et 2018 sont d’une manière générale plus fréquents aux abords de la mer de glace que sur la banquise, et qu’ils le seront de plus en plus au cours du xxie siècle, a fortiori là où la glace de mer a fondu. Et c’est justement ces zones nouvellement ouvertes, notent les chercheurs, que les navires de commerce empruntent. Pourtant, naviguer dans le brouillard dans ces parages parsemés de blocs de glace, peut s’avérer dangereux ; les navires sont d’ailleurs obligés de réduire leur vitesse, parfois de 40 pour cent, ce qui entraîne des retards. Dans le passage du Nord-Ouest, plus sujet aux épisodes de brume, ce retard serait estimé à trois jours.
« Le brouillard est une donnée que les experts ou les armateurs ne prennent pas suffisamment en compte dans leurs projections sur les routes maritimes du Nord », insistent les scientifiques, qui proposent des itinéraires alternatifs. Il faudra pourtant prendre en compte ce risque, si l’on persiste toutefois à vouloir développer ces routes.

Maud Lénée-Corrèze