À la rencontre du Rhône et de la Saône, l’exposition Nous, les fleuves, présentée par le musée des Confluences de Lyon, fait parler les cours d’eau « de leur source à leur embouchure, en passant par la rencontre avec les affluents et le lit, explique Virgile Caspar, chargé d’exposition. Elle s’ouvre par la représentation des gouttes de pluie par l’artiste franco-allemande Lou Rat-Fischer, rappelant l’origine de l’eau douce, et le visiteur suit ensuite le cours d’un fleuve imaginaire. »
Si le titre suppose que le sujet principal est le fleuve, l’Homme est au cœur de cette exposition, par la relation qu’il entretient avec les cours d’eau, sources de vie, berceaux de civilisations, lieux d’échanges. Les divinités protectrices des fleuves, à l’instar de la statue du dieu égyptien Khoum, gardien des sources du Nil, exprime l’importance des cours d’eau pour les différentes cultures, tout en rappelant les questionnements sur l’origine de cette eau qui s’écoule continuellement, sources de mythes divers. Des documents comme le rouleau de soie illustrant le voyage de l’empereur Qianlong sur le fleuve Jaune rappellent aussi le poids du fleuve dans l’économie ainsi que la volonté d’en contrôler le flux pour protéger les populations et utiliser sa force – jusqu’aux barrages contemporains.
Se voulant aussi pédagogues, les muséographes ont sélectionné des dessins naturalistes de la faune et de la flore de la vallée du Rhône, et créé une représentation digitale interactive du fonctionnement des bassins versants afin de sensibiliser les visiteurs aux enjeux écologiques liés aux fleuves. L’impact de l’Homme sur les fleuves est largement décliné. Le film Green Warriors de Martin Boudot présente le fleuve Citarum, en Indonésie, pollué par l’industrie du textile. Dans la même thématique, les photographies aériennes du Murray-Darling, le plus grand fleuve d’Australie, témoignent de la dégradation du cours d’eau à cause de l’important drainage pour l’irrigation.
« Le parcours s’achève par l’embouchure, avec notamment une œuvre de Laurent Valera, Le Regard de l’eau, reprend Virgile Caspar. Cet ensemble de petits miroirs carrés agités par de petits ventilateurs, évoquant la mer, renvoie aussi au titre : le fleuve reflète notre société, son organisation et son aménagement en disent long sur nous-mêmes. Mais les fleuves, c’est aussi le chemin vers l’au-delà dans de nombreuses civilisations. On connaît bien le Styx des Grecs mais moins les harpes du Gabon, dont la mélodie permet de remonter le cours du Mobogwé jusqu’au monde des ancêtres. » M. L.-C.
Nous, les fleuves, jusqu’au 27 août 2023 au musée des Confluences à Lyon. Le catalogue est publié par le musée des Confluences et la RMN-Grand Palais.
Crédits photos : © MUSEE DES CONFLUENCES