Dans un hangar à Vannes, le jeune marin et charpentier Alex Lotodé restaure un Chat, petit quillard de régate de 5 mètres de long pour 1,90 mètre de large et 0,80 mètre de tirant d’eau, construit en 1933, soixante-sixième de la série lancée en 1921 à Dinard par Gaston Grenier – également concepteur des 12 m2 du Havre. « Celui-ci est l’un des derniers survivants, car beaucoup ont été détruits lors de la Seconde Guerre mondiale, précise le charpentier. Après avoir appartenu pendant 55 ans à Gaston Cousyn, qui l’avait stratifié en 1989, il est arrivé en 2014 à Vannes. C’est son neveu qui en avait hérité, mais le bateau n’a navigué qu’un été car il demandait à être restauré. Les travaux étaient trop conséquents pour lui : quasiment tout était à refaire, notamment à cause de la stratification qui avait fait pourrir le bois. En septembre dernier, il me l’a cédé pour que je m’en occupe. »
Alex et une amie, Nolwenn Dameron, par ailleurs ingénieure en sciences de l’environnement, se sont donc attelés à la tâche de reconstruire presque entièrement le yacht qu’ils baptiseront Chat Perlipopette – les jeux de mots de ce type étaient d’usage dans la série. Ils ont refait les trente-quatre couples en acacia ployé, le bordé en sapelli, la quille et les varangues. « La fausse quille et l’étrave avaient été changées récemment, de même que le pont en teck, donc je n’y toucherai pas pour l’instant », ajoute Alex. Quant au mât en spruce, qui porte une grand-voile de 12 mètres carrés, il est en bon état, de même que le foc et le génois. Pour ce qui est de l’accastillage, dont certaines pièces sont d’origine, Alex conservera le tout, en rafraîchissant les éléments qui en auraient besoin. À l’heure où nous bouclons ce numéro, les travaux sont en cours d’achèvement, et il ne reste plus que les finitions à apporter à la coque. Le Chat pourra ensuite retrouver son élément au printemps pour des navigations « avec l’ancien propriétaire, et peut-être avec une association », précise Alex.
Peut-être Chat Perlipopette aura-t-il également l’occasion de naviguer avec d’autres Chat, comme celui en restauration à Douarnenez, aux soins de l’association Startijenn. « Il s’agit du 133, baptisé Kaz Rouz (« chat roux », en breton) et construit en 1935 ou 1936, précise Didier Maître, adhérent. Nous l’avons récupéré en 2017, en très mauvais état, déquillé, les bordages disjoints, avec cinq barrots de pont à remplacer, et le tube de jaumière manquant. » Après le changement et le doublage de quelques membrures en acacia ployées et rivetées cuivre, les membres de Startijenn se sont employés à la restauration du tableau, puis du bordé. Ils ont fixé la quille avec son lest en plomb, et refait le pont en contreplaqué marine. La mise à l’eau est prévue pour la saison à venir, après des travaux sur son gréement et l’accastillage.