Émergeant de la vase dans le lit d’un bras mort de la Garonne à Villenave-d’Ornon, dans le Sud de Bordeaux, l’épave d’un bateau de charge d’une longueur estimée à 15 mètres environ fascine les scientifiques de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) qui travaillent dessus depuis juin. Datée du VIIe ou du VIIIe siècle, elle est un témoin rare des navires du haut Moyen Âge : il n’existe que très peu de sources écrites sur des navires de cette période, et elle est bien mieux conservée, sur une douzaine de mètres du moins, que celle de Port-Berteau, en Charente, le seul autre témoin contemporain.
Inventée en 2013, cette épave a bénéficié de premières fouilles en 2019, interrompues par le mauvais temps. Réenfouie en urgence, elle n’a pu être dégagée que cette année. Outre le prélèvement et l’analyse de résidus de blé et de raisin de la cargaison, de cordages et de petits morceaux de bois, sur lesquels les traces d’outils des charpentiers sont encore visibles, les archéologues se sont penchés sur la structure, dont il reste la quille, une bonne partie de la membrure et un plancher. L’analyse architecturale et l’étude de la construction seront dirigées par Marc Guyon (Inrap) et Éric Rieth (CNRS). Une reconstitution en trois dimensions sera réalisée à partir des relevés. Le navire fournira aussi des informations sur l’activité de la région au haut Moyen Âge.
Un petit port, construit sans doute dès l’Antiquité, se trouvait à l’embouchure d’un cours d’eau parallèle à la Garonne. Les archéologues supposent que le navire devait transporter des marchandises depuis ce port vers l’intérieur des terres, et peut-être se livrer au cabotage le long de la côte atlantique.