Fin juin, à Douarnenez, sur le port du Rosmeur, comme chaque année, les dix-neuf stagiaires en charpente de marine des Ateliers de l’Enfer ont présenté les bateaux qu’ils ont construits durant leurs neuf mois d’apprentissage. Petite nouveauté cette année, les deux navires n’ont pas été mis à l’eau depuis la cale, mais ils sont arrivés sous voiles du Port-Rhu, siège des Ateliers. Dix stagiaires ont travaillé sur l’Eñida’n, un macrotier de Saint-Malo ponté, construit sur les plans de la Germaine, lancée en 1912. Si les formes générales ont été conservées, Alain Bouguennec, l’un des formateurs, y a néanmoins ajouté un rouf, et conçu le cul-de-poule – façonné en bois moderne –, ajouté à l’arrière. Les quatre voiles de ce sloup à corne, totalisant une surface de 70 m2, sont, comme il est de coutume, l’œuvre des neuf voiliers stagiaires des Ateliers. Quant aux coussins, ils ont été réalisés par les élèves selliers. Avec ses 8,30 m de long pour 2,50 m de large, l’Eñida’n est un des plus grands bateaux jamais construits par les Ateliers. Le projet était d’autant plus intéressant qu’il a été suivi par son commanditaire, les stagiaires étant ainsi confrontés aux attentes spécifiques d’un futur propriétaire.
Le reste de l’équipe, encadré par Yvon Marseault, le second formateur, a travaillé sur l’Anita, réplique d’un Howth 17 de 1900 détruit l’an dernier lors d’une tempête. Ici, le travail s’est concentré sur le respect de la jauge, l’Anita étant conçu pour régater dans sa classe en baie de Dublin où, depuis la fin des années 1890, des courses de Howth 17 ont lieu d’avril à octobre. Tout comme pour le macrotier, les 48 m2 de voilure de ce monotype de 5,18 m de long pour 1,83 m de large, conçu par Herbert Boyd en 1897, ont été taillés par les apprentis voiliers.
À noter enfin la présence d’un troisième canot dans le port du Rosmeur, une Lucyole 4,10 lancée par Gaël Maurin, l’un des constructeurs du macrotier, qui a voulu s’essayer à des techniques modernes durant ses temps libres. C’est Olivier Choussy qui a conçu en 2005 ce voile-aviron en s’inspirant des Whitehalls de Nouvelle-Angleterre.
Formateurs et dirigeants des Ateliers de l’Enfer étaient unanimes quant aux qualités de cette promotion qui s’est montrée très investie. Les stagiaires eux-mêmes ont pu profiter des parcours parfois très différents des uns et des autres. Et, de fait, tous les voiliers, les trois quarts des selliers et huit charpentiers ont déjà trouvé un emploi. L’an prochain, les stagiaires en charpenterie de marine travailleront à la construction d’un cotre du Dourduff et à celle d’un petit quillard dérivé d’un Dragon, d’une construction simplifiée. • M.L.-C.