Partant du constat national que 75 pour cent des Engins de pêche usagés (EPU), constitués majoritairement de matières plastiques, sont destinés à être enfouis, les élus, la chambre de commerce et d’industrie et les acteurs de la filière pêche ont lancé une expérimentation fin 2020 pour récupérer ces vieux filets dans cinq ports des Côtes-d’Armor (Paimpol, Ploubazlanec, Perros-Guirec, Trébeurden et Trédrez-Locquémeau). Sur ce secteur, on estime qu’ils représentent environ 30 à 40 tonnes de déchets.
Une fois débarrassés des éléments organiques, les filets usagés sont entreposés par les pêcheurs dans de grands sacs et envoyés à Plourivo (Côtes-d’Armor), où l’Esatco, un établissement de service, d’accompagnement et d’aide par le travail, se charge de séparer filets en nylon et ralingues : la ralingue servira à fabriquer d’autres filets, le polyamide est transformé. Il est récupéré par la société Fil&Fab de Plougonvelin (photo), dans le Finistère (qui recycle le polyamide 6, dit Nylon) pour être broyé en granulats, qui reviennent ensuite chez Nanovia à Louargat (Côtes-d’Armor), où ils deviennent des filaments adaptés à l’impression 3D. L’expérimentation, désormais terminée, a permis de collecter 4 tonnes de filets usagés. C’est un début…
Des initiatives similaires voient le jour un peu partout en France : dans le Sud, ce sont 7 tonnes qui ont été récupérées dans huit ports, entre Antibes et Les Saintes-Marie-de-la-Mer ; l’entreprise Sea2See fabrique des lunettes de soleil avec une partie de ce plastique recyclé. En Espagne, la société pionnière Ecoalf crée des vêtements à partir de plastique et de Nylon retrouvés en mer. La campagne Upcycling the oceans Spain a ainsi touché quarante-trois ports et plus de deux mille cinq cents pêcheurs, auxquels l’entreprise a fourni des moyens matériels pour stocker les vieux filets, mais aussi des déchets plastiques trouvés en mer : 850 tonnes ont ainsi été repêchées…
Nathalie Couilloud