Quelques allonges de membrures et quelques bordages doivent être remplacés. « J’admire beaucoup l’association qui arme ce bateau, précise Laurent Ménard, patron du chantier Marlo. Chaque jour, quel que soit le nombre de passagers, ils appareillent pour faire découvrir la pêche à leurs hôtes, avant de donner à chacun sa godaille. Il y a là un réel intérêt touristique et culturel. »
Mais ce printemps, le chantier de Saint-Jean-de-Boiseau (Loire-Atlantique) s’emploie surtout à construire un bac destiné à traverser la Sèvre sur la commune de Vertou, au Sud de Nantes. « L’idée, poursuit Laurent, vient du Voyage à Nantes [ndlr, l’organisme de promotion touristique via la culture de la métropole nantaise] qui souhaitait créer un franchissement entre l’hippodrome de Vertou et le château de la Frémoire. Ce bateau devait être en mesure d’embarquer douze personnes et des vélos ; il devait aussi être autovideur. » Marlo remporte le marché face à deux autres concurrents. Le bac – dont le plan a été esquissé par Laurent et finalisé par l’architecte naval Marc Ronet – mesure 6,50 m de long pour 2,20 m de large. La construction est tout en chêne, sauf le pont étanche, en contre-plaqué de sapelli onze plis, qui recouvre vingt-quatre fûts remplis d’air.
« Toute la difficulté résidait dans sa locomotion, remarque Laurent, car ce bac devait fonctionner sans marin à bord. Un quelconque système aérien n’étant pas autorisé, l’idée de la chaîne – en fait un câble Inox de 10 mm de diamètre – immergée pour ne pas entraver la navigation s’est imposée. On a fait des essais sur site, des calculs de tension, de dérive. Mais comment faire pour se haler dessus ? J’ai pensé à plusieurs systèmes : installer un tapis roulant à même le pont, utiliser des vélos, faire un va-et-vient avec deux bacs se croisant… Sauf que, pour différentes raisons, aucune de ces solutions ne convenait. » Le temps passe, les amis sont sollicités, la pression monte…
« Un vendredi soir, je me suis dit qu’il était vraiment temps de trouver, sinon j’allais passer un sale week-end ! C’est alors que je me suis souvenu des anciennes menuiseries où un moulin faisait tourner tout un réseau de sangles qui permettaient d’enclencher telle ou telle machine. »
La solution va ainsi passer par trois treuils, l’un sur le bateau et les deux autres sur chaque berge. « Hugo Sagot s’est chargé de toute la partie métal du projet, poursuit Laurent. Mi-juin, le bac et ses treuils seront acheminés par la Loire jusqu’à la Sèvre. Le 1er juillet on livre, le 9 les officiels inaugurent. Ce sera le moment de vérité ! »
Crédit iconographique : Gwendal Jaffry