C’était un grand projet de surveillance maritime, qui n’a finalement pas vu le jour : le phare au large d’Ouessant devait être un « ouvrage en pleine mer, dont la conception allait représenter une prouesse technique et demander des innovations », expliquent Aurélie Berrier et Philippe Lamarque, qui travaillent aux archives départementales du Finistère. C’est dans ce cadre qu’ils viennent de classer et trier le fonds d’archives sur « l’aide majeure à la navigation d’Ouessant », un projet lié au plan de sécurisation du rail de la Manche, proposé par l’Organisation maritime internationale à la suite au naufrage de l’Amoco Cadiz en 1978.
« Trois phares sont alors envisagés, à l’entrée Ouest de la Manche près d’Ouessant, en Manche centrale près des Casquets et dans la zone de Sandettié, ajoutent les deux archivistes. à l’issue du concours d’idées, lancé dès 1979 pour explorer les possibilités techniques de ce projet d’envergure, le site d’Ouessant est retenu. Le fonds d’archives dont nous nous sommes occupés, d’abord conservé par la Direction interrégionale de la mer Manche Est mer du Nord, puis à Brest, regroupe tous les documents autour de ce phare, de sa genèse à son abandon, en 1986. »
Après l’appel d’offres, le projet retenu porte sur l’édification d’un phare de 227,30 mètres de haut, visible à 30 milles et doté d’un feu d’une portée de 10 milles. Il doit être conçu sur une base de trois pieds en acier et béton, reposant par gravité sur les fonds marins… mais « une dernière étude des sols montre qu’il y a un risque d’enfoncement et tout est annulé ! Mais c’était déjà allé très loin : le marché était signé et la construction avait commencé à Nantes et Saint-Nazaire. Lorsque l’État a rétropédalé, les entreprises ont évidemment fait un recours qui a donné lieu à un contentieux, dont les documents sont aussi conservés dans le fonds. »
Celui-ci permet donc de reconstituer toute l’histoire de ce projet, un peu « oublié, qui a resurgi avec l’arrivée des archives à Brest. » Le dossier est désormais consultable à la salle de lecture des archives départementales à Quimper, et ouvert à tous ceux qui s’intéresseraient à cette histoire et aux innovations technologiques de l’époque.
Maud Lénée-Corrèze
