À Portsmouth, l’emblématique trois-mâts carré HMS Victory est en très mauvais état. Les Anglais engagent 52 millions d’euros pour sauver l’un des fleurons de leur glorieuse histoire maritime.
Né en 1765, le HMS Victory, le navire amiral qui fit la gloire, et fut le tombeau, d’Horatio Nelson lors de la victoire anglaise sur l’armée franco-espagnole de Trafalgar, est aujourd’hui menacé. En cale sèche depuis 1922, la coque du fleuron du musée naval royal de Portsmouth présente en effet des traces de pourriture plus qu’inquiétantes. Mais pour le Royaume-Uni, pas question de perdre son illustre trois-mâts carré…
Ce vaisseau de ligne de 1er rang, et de 104 canons, théâtre chaque 21 octobre d’une cérémonie de commémoration de la bataille de Trafalgar, a toujours été entretenu avec soin. Mais lorsque le musée a lancé en 2022 d’importants travaux pour lui redonner la fraîcheur de sa jeunesse, au temps où Nelson foulait son pont en chêne, les charpentiers ont découvert que son flanc tribord était entièrement rongé par l’humidité, les champignons et les xylophages. « Tout le bois était bon pour le compost », ont-ils même assuré – My goodness…
Confirmant un soupçon que les charpentiers et les experts avaient eu, la pourriture concerne en majorité les parties restaurées après 1955. Afin de pallier le manque de connaissances qui a peut-être conduit à des choix discutables lors des précédentes restaurations, de longues recherches archéologiques, historiques et architecturales vont être menées en amont du chantier. Andrew Baines, le directeur du projet, a déclaré qu’elles permettront « aux générations futures de continuer à entretenir au mieux le HMS Victory ». La facture est à la hauteur de cette ambition puisqu’elle s’élève à 52 millions d’euros. Quant à la durée des travaux, elle devrait s’étaler sur une quinzaine d’années…
La conservation de ce navire n’a, semble-t-il, pas de prix pour le Royaume-Uni. Outre la bataille de Trafalgar (1805), il a également joué un rôle dans celle d’Ouessant (1781), lors de la guerre d’indépendance américaine, puis au cap Saint-Vincent (1797) dans le conflit contre la jeune République française et l’Espagne, son alliée.
En 1824, ce vétéran est retiré du service actif et déclaré navire amiral de Portsmouth, où il entame sa retraite. Ouvert à la visite en 1928, il a vu défiler des générations de petits écoliers anglais offrant un cadre idéal pour leur raconter le roman maritime national – pardon, royal… ◼ M. L.-C.
Publié dans Le Chasse-Marée 338 – Décembre 2023-Janvier 2024