Screenshot

Anthony Le Brun n’a jamais connu son grand-père gardien de phare, mais il a souvent regardé des photos de lui en se racontant des histoires. C’est en s’inspirant de cette figure familiale que le réalisateur a imaginé Le Fantôme d’Armen. Ce court-métrage est entièrement fabriqué à partir d’images d’archives tournées par des amateurs, puisées dans le fonds de la Cinémathèque de Bretagne. On y découvre des images exceptionnelles du métier de gardien  de phare, la relève à l’aide du « ballon », la lentille luisante, « un gros œil qui s’ouvre à demi », mais aussi les gestes de la vie quotidienne, la veille, la cuisine, le ménage, répétés jusqu’au malaise dans le film.

À partir de cette matière disparate, où se côtoient plusieurs phares en mer, plusieurs époques, de la couleur et du noir et blanc, le réalisateur parvient à tisser un récit envoûtant. L’histoire d’un prisonnier de guerre en Allemagne qui choisit de devenir gardien de phare et sombre dans une forme de folie hallucinée et fantastique. La force de ce film tient à la beauté des images d’archives, mais aussi à celle de la voix off, au travail sur le son et à la musique composée par Jérémy
Le Viavant. Un travail d’orfèvre. V. d. R.

Le fantôme d’Armen, (25 mn), d’Anthony Le Brun, produit par Le Petit Remorqueur.

Publié dans Le Chasse-Marée 343, février-mars 2025.