
Les projets devaient s’inscrire dans l’un de ces trois volets : « encourager la réhabilitation du bâti non protégé (…) », favoriser « la création de gîte du patrimoine dans les propriétés du conservatoire du littoral » ou « imaginer des outils de connaissance et de valorisation des patrimoines matériels et immatériels liés à la mer ». En décembre dernier, la région a rendu son verdict et choisi sept dossiers concernant le bâti, qui vont se partager 368 377 euros, et dix pour le développement d’outils qui recevront 107 431 euros de subventions.
Parmi les lauréats, on trouve la réhabilitation de la glacière d’Étel, dans le Morbihan, un édifice élevé en 1939 qui a fourni de la glace aux pêcheurs jusque dans les années 1970, avant d’être supplantée par les systèmes frigorifiques embarqués. Dernier représentant de ce type d’établissement en Bretagne, il a été racheté par la ville et restauré en 2020. Il devrait accueillir un pôle d’activités économiques tournées vers la mer, mais aussi le musée des Thoniers et l’office de tourisme. Des expositions y prendront place pour faire découvrir Étel, l’épopée de ses pêcheurs, l’histoire du site, de la rivière, etc. « Ce projet structurant pour le territoire viendra renforcer l’offre d’équipements touristiques et de loisirs entre Vannes et Lorient », explique la Région.
Dans les Côtes-d’Armor, c’est un bâtiment très différent qui bénéficiera de subsides : le moulin à marée du Birlot, sur l’île de Bréhat, qui date du xviie siècle (ci-dessus). Ce monument emblématique de l’île a été sauvé en 1995 par des habitants réunis en association, mais l’édifice, en proie aux assauts de la mer et des tempêtes, a de nouveau besoin de travaux pour assurer sa survie.
La bande dessinée éclaire le phare
La couverture en chaume doit être refaite, le mécanisme de la roue et les portes à mer seront rénovées, et la muséographie sur l’histoire du moulin et son fonctionnement sera aussi rafraîchie. Et, parce qu’il n’y a pas de petites économies, « l’énergie hydraulique sera utilisée pour actionner les mécanismes et éclairer les espaces ».
Dans le Finistère, le feu de Lanvaon, à Plouguerneau (dessin page suivante), mis en service en 1868 et électrifié en 1960, est à la fois un feu et un amer, formant un alignement avec le phare de l’île Wrac’h pour embouquer le grand chenal de l’Aber Wrac’h. La dynamique association Lanvaon veille sur lui et le restaure peu à peu. « Boiseries, planchers, huisseries, escalier ont été repris pour garantir la sécurité des visiteurs. Le chantier (menuiserie, peinture, aménagements…) se poursuit pour envisager un accueil régulier du public. »
L’association, fan de bande dessinée maritime, a choisi ce support pour s’adresser aux plus jeunes lors d’expositions annuelles sur des sujets aussi variés que la préservation des milieux marins, la biodiversité, le patrimoine des phares et la vie des gens de mer.
Enfin, en Ille-et-Vilaine, dans le volet des outils de la connaissance, autour du patrimoine fluvial, prenons l’exemple de l’Atlas poétique de la Rance, porté par le collectif Les Vagues et l’association Eaux et Rivières de Bretagne. Il s’agit d’un projet participatif, construit avec le secteur associatif et les habitants, qui entend « valoriser le patrimoine matériel et immatériel, naturel et bâti, et sensibiliser toutes les générations aux enjeux de la protection des milieux et de la biodiversité ».
Lectures de paysages in situ, au fil de l’eau, sorties mêlant dimensions historique, naturaliste et artistique, expositions-rencontres, collecte de données scientifiques, archives, chants, contes et récits ou souvenirs partagés lors de causeries et débats… Les idées ne manquent pas, qui éclosent au fil du fleuve. Nathalie Couilloud
Publié dans Le Chasse-Marée 343, février-mars 2025.