Dernier témoin des grands voiliers de commerce français, le Belem accuse aujourd’hui cent vingt-sept ans. S’il a connu plusieurs vies (CM 100 – numéro épuisé), son âge canonique impose désormais d’importants travaux. En effet, la corrosion a sérieusement endommagé la structure, en particulier sous le compartiment moteur. Plutôt que de risquer de se voir retirer son titre de navigation, la fondation propriétaire et armatrice a pris les devants et engagé un chantier de rénovation dont le coût est estimé à 1,7 million d’euros.
Le trois-mâts barque est ainsi entré dans une forme de radoub de Saint-Nazaire en décembre dernier, pour des travaux qui devraient durer jusqu’en mai. Ils sont assurés par la société Eiffage Énergie Systèmes – qui est déjà intervenue par le passé sur le Belem –, en collaboration avec le Bureau Veritas.
Sur le papier, tout semble simple : les parties corrodées seront découpées et dégagées de la structure du navire puis remplacées. Mais au vu de la complexité et de la quantité des pièces abîmées, un important travail de préparation et d’ingénierie a été nécessaire en amont.
À l’heure où nous bouclons ce numéro, les ouvriers en sont au démontage, notamment du compartiment moteur qui doit être débarrassé des machines. Les tins placés sous cette zone seront ensuite retirés et l’accorage du navire revu alors pour éviter toute déformation. Il s’agit de pouvoir ensuite enlever les tôles de fonds, les deux carlingues et la structure transversale corrodées, le tout s’étendant sur quatorze couples.
L’ensemble des pièces de remplacement est construit d’un bloc, à partir d’une modélisation en trois dimensions – la partie endommagée a été scannée par SCAD Engineering –, avant d’être assemblé à la charpente et aux tôles plus anciennes. Le procédé de raccordement sera testé au préalable sur des échantillons afin d’assurer une bonne liaison mécanique, et donc la solidité du navire sur le long terme. Après ces travaux spectaculaires, le Belem devrait rouvrir des stages dès le mois de juin.
◼ Nikolas Jumelle
Crédit photo : © Nigel Pert
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