À l’heure où un projet de candidature au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco se forme autour de l’art de la navigation à la voile latine – déjà inscrite depuis 2018 au patrimoine culturel de la France –, des associations et des représentants de musées maritimes de Méditerranée, de la Catalogne jusqu’à Marseille, se sont réunis le 23 octobre à Collioure, dans les Pyrénées-Orientales. Au menu des discussions, l’avenir de la pratique, menacée, selon les participants, par « un certain vieillissement » des adhérents des associations qui font vivre ce patrimoine naviguant.
« Comment intéresser les jeunes et faire naviguer davantage les bateaux ? », se sont d’abord demandé les intervenants. L’une des réponses : en s’ouvrant à la compétition, à la recherche de la performance, à la modernité… Mais est-ce vraiment ce que recherche « la jeunesse » – qui d’ailleurs n’était pas représentée lors de ce colloque ? L’idée d’un monotype pour relancer la construction de nouveaux bateaux a également été évoquée – il existe pourtant déjà une flottille… Pour comprendre le désintérêt de la jeune génération, peut-être faudrait-il plutôt regarder du côté de la façon dont la préservation de ces bateaux du patrimoine est appréhendée : ils sont souvent très « sacralisés », nous dit Enric Garcia Domingo, directeur du Musée maritime de Barcelone. Les bateaux du patrimoine pourraient être envisagés plutôt comme des outils d’apprentissage. Une vision qui a fait ses preuves dans certaines associations comme celle de La Cancalaise en Ille-et-Vilaine, des pinasses d’Arcachon ou, au cœur de l’univers de la voile latine, d’Aventure Pluriel. Tous les bateaux n’ont pas besoin d’être des bêtes de course pour attirer des équipiers plus jeunes.
Autre préoccupation des participants : que les bateaux naviguent plus, afin de donner à voir au public un patrimoine vivant. Le modèle de Sanary-sur-Mer, où les voiliers classiques et les pointus bénéficient d’avantages en contrepartie d’obligations de participation à des rassemblements sur l’eau, est intéressant. Une collaboration plus étroite entre les institutions et les associations – au-delà de l’aspect financier – pourrait contribuer à mettre les bateaux sur l’eau.