Dans le laboratoire Stella Mare, dépendant de l’université de Corse et du CNRS, on s’affaire depuis une dizaine d’années à sauvegarder des espèces marines menacées en tentant de maîtriser leur reproduction. Après le homard européen, l’huître plate, l’oursin violet, c’est au tour de la langouste rouge (Palinurus elephas), un met très apprécié mais coûteux à cause de la rareté de l’espèce, de passer entre les mains des scientifiques corses. C’est aussi un défi, car seulement deux autres laboratoires, au Japon et en Grande-Bretagne, ont tenté l’expérience sans parvenir à leur fin – ils n’ont pas dépassé les différents stades larvaires.
Les scientifiques corses, eux, sont allés plus loin : dès les premiers essais, au début de l’année 2021, le taux de survie était déjà de 50 pour cent au dernier stade larvaire, soit quarante-trois jours après l’éclosion des œufs. Quarante jours plus tard, six juvéniles de langouste voyaient le jour. Il s’agit désormais de les maintenir en vie pour qu’elles deviennent de jeunes langoustes capables d’êtres lâchées dans la nature, dans cinq ans environ.
Ces recherches tentent avant tout d’aider à la reconstruction de l’espèce, fragilisée notamment par l’effort de pêche qui a beaucoup augmenté à mesure que les ressources de langouste rouge diminuaient. Mais au-delà de la question écologique, préserver la langouste rouge favorisera également les économies locales, notamment en Corse où la Palinurus elephas représente 75 pour cent du chiffre d’affaires réalisé par la pêche.