Le Conseil québécois du patrimoine vivant a publié au deuxième trimestre 2021 un rapport sur la construction en bois au Québec. L’équipe s’est donné l’objectif de réaliser un état des lieux du secteur tout en dressant les portraits d’artisans qui, répartis sur tout le territoire du Québec, construisent des embarcations d’une grande diversité – canots de cèdre, kayaks en cuir, en bois, chaloupes verchères, barques à bouchain… – pour la navigation sur les lacs, les plans d’eau intérieurs et la mer.
Soixante-douze personnes – en majorité des hommes de plus de cinquante ans – ont répondu au sondage en ligne : ils construisent une ou deux embarcations en moyenne par an, et exercent, en général, à côté, une autre activité. Ils sont notamment confrontés à la concurrence des embarcations en matériaux synthétiques ou composites, bien meilleur marché : le prix moyen d’une embarcation construite par ces artisans est compris entre 3 000 et 5 000 dollars (entre 2 000 et 3 500 euros) contre 1 270 dollars pour un canoë en matériaux composites…
Selon le rapport, la relève constitue le principal défi pour développer le secteur de la construction d’embarcations en bois au Québec. En effet, l’offre de formation dans le secteur est très réduite et les artisans ne communiquent pas vraiment entre eux. Par ailleurs, leurs savoir-faire ne sont pas répertoriés. Si certains débutent dans l’ébénisterie et poursuivent leurs apprentissages chez un charpentier de marine, la plupart des charpentiers sont autodidactes ; leur formation spécialisée se fait sur Internet, à l’aide de sites et de forums de passionnés. S’ils affirment leur désir de rencontrer d’autres artisans, seuls quelques-uns appartiennent à une association dans le domaine de la culture, des métiers d’art ou du patrimoine. Quant à l’Association des amateurs de bateaux en bois (AABB), dont le rôle est de valoriser le patrimoine maritime et les échanges entre les acteurs de la filière, elle est actuellement en sommeil…
En conclusion, le rapport présente une série de recommandations, notamment une collecte exhaustive de données sur les artisans, les savoir-faire, les types d’embarcations, ainsi que la mise en place de structures d’apprentissage, proposant par exemple l’instauration d’un chantier-école pour reconstruire une goélette du Saint-Laurent.
Avec la pandémie et la fermeture des frontières, l’enthousiasme déjà existant pour la pratique du canoë au Canada s’est accentué quand il fallait rester chez soi… mais cette vogue a cependant surtout profité aux chantiers de canoës en composites. L’augmentation de leurs délais de livraisons (plus d’un mois) profitera peut-être aux embarcations construites en bois issu des forêts locales. Arnaud Jouny
Le rapport est à consulter ici