Navigateur chevronné, le Québécois Yves Plante contracte le virus de la construction amateur en 2010. « J’ai toujours travaillé dans le milieu de la voile, je connais le pouvoir et l’attraction des bateaux. Pourtant, partir vraiment, sur un voilier, c’est un rêve qui semble encore impossible pour beaucoup. » Pas pour les Jeunes marins urbains, organisme sans but lucratif fondé par Yves Plante et sa bande en 2015.

« On a des débutants qui viennent avec le bateau comme point d’attraction. Tout le monde trouve ça bien cute [bien mignon], mais les gens te disent qu’ils ne savent pas tenir un outil… Ils se prennent très vite au jeu. Ils cintrent un bout de bois, ils apprennent que ça s’appelle une membrure, et puis ils veulent savoir à quoi ça sert… De fil en aiguille, ils voient que ce qui leur semblait impossible se réalise : au bout de deux mois, ils ont construit un bateau, tous ensemble…

Ils se retrouvent sur l’eau, et c’est à leur tour d’inviter les copains… C’est comme ça qu’on a déjà trois cent quarante-six personnes qui ont découvert le voile-aviron avec nous ! » Les jeunes marins urbains ont ainsi construit deux unités de 25 pieds (7,62 mètres) selon un procédé redoutablement expéditif : la charpente est réalisée en frêne cintré et ligaturé (sur l’un des bateaux, des boulons ont été employés pour certains assemblages), puis cette ossature est recouverte d’une toile de nylon balistique – tissu très résistant mis au point pour la fabrication de gilets pare-balles. « Il faut pouvoir mettre le bateau en chantier au début de l’été et naviguer avant l’automne ! »

Une question d’élan à préserver, mais aussi de moyens, car les chantiers se déroulent en plein air, faute de local adapté. Un bateau en 2015, un deuxième en 2016… Après un été 2017 consacré à un concours de modèles navigants destiné aux familles et à des navigations sur le fleuve Saint-Laurent, près de Montréal, pour chaque nouvelle fournée d’équipiers, y compris les lauréats du concours et leurs nombreux invités, les jeunes marins urbains ont prévu de réaliser la plupart des pièces de leur prochaine unité cet hiver, en intérieur, pour les assembler aux premiers beaux jours… histoire de se retrouver plus vite et plus longtemps sur l’eau. Et de s’aventurer plus loin : en août, ils prévoient de naviguer sur le Saint-Laurent jusqu’aux fêtes de Saint-Jean-Port-Joli, soit plus de 180 milles.
J. v. G.

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