Depuis sa création en 2004 à Zumaia (Pays Basque Sud), l’association Beduola, forte aujourd’hui d’une quarantaine de membres, a restauré près de quinze bateaux traditionnels du Gipuzkoa. Avec Hiru anai, c’est un tout autre projet dans lequel ils se sont lancés avant l’hiver, puisqu’il s’agit cette fois de construire une réplique. « Il y a sept ans, explique Beñat Ibaieta, meneur du projet, nous avons appris que le propriétaire de Hiru anai ne souhaitait plus s’en occuper, et envisageait de le détruire. C’est alors que nous nous y sommes intéressés. » Ce battel a été construit à Deba en 1928 par le charpentier Genaro Osa pour Jose Olaskoaga, de Getaria, moyennant la somme de 375 pesetas. Neuf mois plus tard, Adrian Iriondo, de Deba, s’en porte acquéreur pour le même prix. Tres hermanos – c’est alors son nom – arrive à Zumaia en novembre 1939, acquis cette fois pour 300 pesetas par Angel Osa Amas, auquel succédera son fils Akelino. « Hiru anai est le dernier témoignage d’avant la motorisation, puisqu’il n’a été doté d’une mécanique qu’en 1939, poursuit Beñat. C’est lorsque je l’ai vu amarré les dernières années parmi les bateaux à moteur que j’ai compris qu’il fallait le documenter. » Beñat aura la chance de pouvoir recueillir le témoignage d’Akelino, décédé en 2015.
Offerte à l’association Beduola en 2013, la coque de presque 6 m de long est alors en très mauvais état, à cause notamment de la stratification en fibre de verre-polyester dont elle a fait l’objet. « Lorsqu’on a commencé à l’enlever, le bois tombait en poussière », se souvient Beñat… Aucune restauration ne peut être envisagée, au grand désespoir de l’association. En revanche, un relevé est réalisé en 2015, avec l’aide de l’architecte naval Enrique Lekuona qui numérise les formes du battel. Gaizka Fernandez se chargera quant à lui de retrouver les caractéristiques du navire avant sa motorisation. Car l’idée de le reconstruire tel qu’il était à son neuvage ne tarde pas à se faire jour…
Xanti Osa, charpentier de marine, vient aider chaque mardi les membres de l’association qui mènent le chantier dans leur local de l’avenue Axular. « Pour nous, c’est aussi une manière de récupérer un savoir-faire, aucune coque en bois n’ayant été construite à Zumaia depuis un demi-siècle, et encore moins de battel. »