Voilà un projet de recherche fondamentale qui ne manque pas de profondeur : des scientifiques issus de neuf pays unissent leurs oreilles pour élaborer une sonothèque mondiale des bruits biologiques venus des océans. Et ses auteurs ne manquent pas d’humour non plus puisqu’ils ont baptisé Glubs cette Global Library of Underwater Biological Sounds !
Ces équipes indiscrètes ont branché leurs micros pour écouter les sons émis par la faune sous-marine afin de se défendre, s’intimider, se séduire, s’avertir d’un danger… mais aussi tous leurs bruits physiologiques, frottements résultant de leur anatomie, contractions de muscles… Un travail quasi insondable les attend, puisque les scientifiques déclarent que 90 pour cent des sons enregistrés pour la seule Méditerranée ne sont pour l’instant attribués à aucune espèce identifiée. Les mêmes estiment que cent vingt-six espèces de mammifères marins émettent des sons, ainsi qu’une centaine d’invertébrés aquatiques et un millier d’espèces de poissons.
Si l’on connaissait déjà le chant des baleines (et celui des sirènes), les chercheurs sont heureux de signaler, au titre de leurs premières découvertes, qu’ils ont identifié, après trois ans d’investigation, une espèce de rascasse qui coasse comme une grenouille – si, en plus, de petits malins s’amusent à brouiller l’écoute…
Ces scientifiques placent la barre très haut puisqu’ils entendent aussi comparer les sons de certaines espèces d’un bout à l’autre des océans. De là à ce qu’ils découvrent des accents régionaux entre le mérou des Canaries et celui de Californie, il n’y a qu’un banc à courir.
On savait déjà que le mal nommé monde du silence de Cousteau était assez bruyant, mais grâce à Glubs, on saura bientôt qui parle et pour dire quoi. Voire, si certaines espèces ronflent en dormant ou font du bruit en mangeant… On ne peut décidément être tranquille nulle part. N. C.