Le navire dit « de Gokstad » a été découvert par deux gamins dans un tumulus du Sandefjord, en Norvège, en 1879, et mis au jour en 1880. C’est un bateau de 23,55 mètres de long, construit au IXe siècle, qui emportait trente-deux rameurs. Enterré dans une motte d’argile et de tourbe, il était extraordinairement bien conservé. À l’arrière du navire, une chambre funéraire avait été aménagée, protégée par des écorces de bouleau, tapissée de soie mêlée de fils d’or. Sur un lit aux draps de lin reposaient les restes d’un homme, que certains historiens identifient au roi Olaf de Vestfold, mort vers l’an 900. Aujourd’hui présenté dans le Musée des navires vikings d’Oslo, le navire est devenu un symbole national. Plusieurs répliques de ce karfi d’apparat, capable d’emporter un bon chargement, ont été réalisées.
Parmi celles-ci, Gaia a été construite par Jakob Bjørkedal et ses fils à Sunnmøre pour l’aventurier Ragnar Thorseth, qui projetait de naviguer sur les traces du navigateur Leiv Eriksson pour le millième anniversaire de ses voyages. Après une transatlantique vers Terre-Neuve, réalisée en 1991 avec dix équipiers, sous les ordres de Gunnar Eggertsson, Gaia poursuit jusqu’à Rio de Janeiro, remonte l’Amazone, traverse l’Océan à nouveau et navigue entre les fêtes de Wexford, de Newcastle ou de Brest, où il croise une autre réplique du navire de Gokstad, Dreknor. Il se révèle rapide et sûr, même dans l’ouragan qu’il rencontre devant les côtes brésiliennes. Gaia, qui grée une voile carrée et qui est équipé d’un moteur de 57 chevaux, a ensuite été offert par son propriétaire, l’armateur Knut Kloster, à la ville de Sandefjord. C’est le musée local qui se charge de l’entretenir et de le faire naviguer.
Du 8 au 14 septembre prochain, un voyage est proposé aux équipiers désireux de découvrir ce navire dans ses eaux, à l’initiative de Luc Chrétien, un homme d’affaires qui a déjà à son actif nombre de voyages aventureux à bord de radeaux de balsa et autres navires historiques… « Je rêve d’organiser un voyage à bord d’un navire viking depuis les années 1980, nous a-t-il expliqué. Cette fois nous partirons pour cinq jours de cabotage en autonomie et en sécurité, car le bateau, ses onze passagers et moi-même serons menés par un capitaine et deux marins expérimentés. Nous rejoindrons Oslo où nous pourrons “boucler la boucle” en visitant le navire de Gokstad historique. » Si cette expédition (<pro-pulsar.com/events/drakkar2019>) rencontre le succès, Luc Chrétien espère proposer à la carte, à travers sa société, ProPulsar, des voyages sur le même principe, à bord d’autres navires comme des galères grecques, jonques chinoises ou des pirogues polynésiennes.